Dès la naissance, les livres sont des objets d’éveil comme les autres. En dehors du texte, les images, les formats, les textures ont un grand rôle à jouer chez les tout-petits. Évidemment, leurs périodes de disponibilité sont courtes mais lorsqu’ils sont bien disposés, il est étonnant de voir les réactions que peuvent provoquer les livres chez les bébés dès leurs premiers mois. 

Nous vous proposons ici des pistes pour faire votre choix. Il n’y a pas des règles, pas d’injonctions ! L’idée est de mettre en parallèle les capacités de votre bébé avec les contenus des livres. Nous avons fait le choix d’indiquer “à partir” mais surtout pas de “jusqu’à”. D’abord parce c’est évidemment variable en fonction des enfants. Mais surtout, parce que les livres des bébés évoluent avec eux. Grâce à l’adulte, les images et les textes prennent une autre dimension ; le chien devient un labrador, le canapé devient sofa ou méridienne, le doux/pas doux devient rêche, rugueux, soyeux, doux… Ces illustrations qui semblaient si simples regorgent en fait de détails que vous prendrez plaisir à lui montrer. Plus que jamais, le livre est un outil de savoir et de transmission, de fous rires, de gros câlins… Ne craignez pas d’acheter des livres pour tout-petits en pensant que bientôt, l’enfant sera trop grand. Il n’est pas rare qu’un même livre puisse convenir de la naissance à deux ans et demi. Et votre enfant ne s’y trompera pas, il saura l’utiliser différemment en grandissant. Ce qui est essentiel, c’est que le livre vous plaise, que vous ayez envie de le regarder (parfois ce sera le même plusieurs semaines de suite !). Les livres ne sont que des pistes, des incitations ; grâce à votre voix, vos intonations, votre imagination, vous saurez les faire vivre. N’hésitez pas à utiliser votre corps en entier, n’ayez pas peur d’inventer ou de vous mettre en scène, votre enfant n’en sera que plus heureux.

Dès la naissance : 

Durant les six premiers mois, les bébés bougent peu mais sont très attentifs à leur environnement. Ils ne distinguent pas encore très bien les couleurs mais perçoivent nettement les contrastes, le noir, le blanc et le rouge. Les voix, notamment celle de la maman, qu’ils ont découvert in utero sont particulièrement réconfortantes et éveillent leur curiosité. Pendant ces mois, il y a de très longues périodes d’observation attentive, parfois sans bouger, l’oreille aux aguets. Leurs petits doigts s’agitent, agrippent, touchent tout ce qui est à leur portée. Dans ces moments d’éveil, on pourra commencer à leur proposer des imagiers en noir et blanc par exemple ou des livres à toucher présentant différentes textures. Les livres en tissu peuvent être de vrais atouts tant que l’enfant ne tient pas assis car ils sont légers et plus faciles à manipuler. Volets, miroirs, matières... tout les attire. C’est aussi l’occasion de chanter pour eux, de faire entendre différents rythmes et faire des mimes soit avec des comptines à gestes soit avec des livres marionnettes. C’est souvent source d’éclats de rire ! Avoir un recueil de chansons peut s’avérer salvateur si on ne veut pas répéter 200 fois le seul couplet que l’on connaît...

Si le bébé ne peut pas encore “suivre” une histoire, il prendra néanmoins plaisir à écouter des lectures à voix haute car la voix qui lit est bien différente de celle qui parle ou qui chante. Mais vous n’êtes pas forcés de lire des histoires pour enfants ! Vos romans, le journal ou des magazines conviendront parfaitement ! 

A partir de 6 mois : 

Traditionnellement, l’enfant commence à tenir assis vers six mois. C’est une grosse étape dans son rapport au livre ; bien calé, il a plus de force pour le prendre en main et le manipuler. Cela marque aussi le début de la motricité fine, les gestes deviennent un (tout petit) peu plus précis : ils essaient d’attrapper, de pointer et d’atteindre leur objectif. Ils caressent les pages à la recherche d’une matière à découvrir, commencent à reconnaître les images qu’ils ont déjà vues… Le coucou caché les met en joie ; à cet égard les livres avec des volets en feutrine sont idéaux car ils ne nécessitent pas de savoir faire la pince avec le pouce et l’index. Les volets peuvent être poussés avec le poing. Ce début d’autonomie les ravira. Ils reconnaissent mieux les sons, les musiques, aiment à les écouter encore et encore. On peut leur proposer des livres sonores à puce pour découvrir de nouveaux sons, ils sauront appuyer sur les puces comme des grands vers 9/10 mois.

A partir de 10/12 mois : 

Tout ce qui a été amorcé dans les mois précédents se poursuit et s’améliore. Plus de précision dans le geste, plus d’aisance dans le corps. Bébé recommence dix fois, cent fois, mille fois et ne se lasse pas. Arriver à tourner seul les pages d’un livre est déjà un objectif. Il le tient à l’envers ? qu’importe ! Sachez que désormais vous n’êtes plus le maître du livre. C’est lui qui le tient, décide de la vitesse à laquelle on tourne les pages. Oui c’est dans le désordre, non, on ne suit plus parfaitement le déroulé, oui il va peut-être l’abîmer, le déchirer, le mordiller… On vous l’a dit, le livre est un objet d’éveil comme les autres. Laissez le faire c’est important, c’est sa manière de se l’approprier. Pour cela on privilégie les livres en carton, les histoires “à système” (tirettes, volets, avec empiècements) grâce auxquels il sera acteur de sa découverte. 

L’autre grand événement de cette période est la découverte du langage. Pour l’heure, c’est le moment du babil, des sons qu’ils répètent en boucle, tout heureux de les entendre encore et encore. Le livre des bruits de Soledad Bravi est indétrônable : un imagier rigolo qui s’intéresse plus au bruit que fait l’objet qu’à son nom. Avec un peu de mise en scène, ce livre est aussi drôle qu’efficace. C’est aussi le  fameux moment où bébé pointe les objets les uns après les autres pour que vous lui en donniez le nom. Il ne parle pas encore mais emmagasine déjà du vocabulaire. On peut évidemment commencer à leur présenter des imagiers mais n’oubliez pas que toutes les images peuvent être imagiers ; de nouveaux mots, il y en a partout ! 

A partir de 16 mois/18 mois : 

Petit bébé commence à sacrément grandir ! Il marche, il court, il attrappe, il saute, il invente des jeux et surtout, la parole surgit ! Toujours avide de découverte, il déploie une énergie folle pour apprendre et progresser. Chacun ses priorités, chacun ses préférences ; il n’y a pas de retard, pas de bons moments. Comme pour tout, ce sont eux qui décident. Les livres là encore ont un grand rôle à jouer. Toujours pour exercer leur motricité fine qui ne cesse de s’améliorer. Grâce à la maîtrise de la pince, ils sont plus à l’aise et peuvent commencer à faire surgir quelques pop-ups par eux-mêmes par exemple. Désormais, ils répètent, demandent inlassablement “c’est quoi?”, parviennent même parfois à se raconter seuls l’histoire. Pour leur apprendre les mots du quotidien, les imagiers sont fort utiles. A vous de choisir votre école : photo ou dessin, grandes planches ou une seule image par page. Il n’y a pas de bonne recette : il est important de se sentir à l’aise et en accord avec ce que vous leur montrerez. Il semble cependant important de diversifier les supports et les illustrateurs afin de leur montrer différentes représentations possibles. Et non, les dessins très fournis ne sont pas sources de confusion pour eux. Ils ont cette capacité à séparer l’image et à n’en regarder qu’une partie. Il suffit de voir le succès du Plus grand livre du monde de Richard Scarry pour constater que le foisonnement ne les effraie pas !

A ce stade, tous les parents commencent à avoir envie de lire des “vraies histoires” avec un début, un milieu, une fin. Pour que ce soit possible, encore faut-il que votre enfant accepte de lâcher le livre et de vous le confier… Pour certains c’est 18 mois, pour d’autres ce sera 2 ans et demi. En attendant, on continue de commenter les images. 

A partir de 2 ans : 

La parole s’installe petit à petit, la concentration est plus importante, l’enfant se sent souvent “concerné” par ce qu’il lit. Tous les les livres qui lui permettent de se mettre en scène, de participer le raviront. Ils aiment interagir avec les personnages, leur faire un bisou, suivre des lignes du doigt, faire des chatouilles ou crier sur le méchant loup !

Au cours de cette troisième année, l’écoute s’installe ; il écoute plus volontiers des histoires “de grand”. L’offre est pléthorique. Ce que nous appelons les “petits héros”, tels que T’choupi, Petit Ours brun ou P’tit loup leur parle de leur quotidien et des événements qui jalonnent leur existence (pot, école, nounou, zoo, supermarché, politesse…). Ils aiment ces histoires, s’y reconnaissent et cela peut-être l’occasion de leur faire passer des messages. Mais tout les intéresse ! Ce n’est pas parce qu’ils vivent en ville et n’ont jamais vu de vaches qu’on ne leur en montre pas ! Au contraire, les livres sont une ouverture sur le monde qui va leur permettre de développer leur imaginaire. C’est aussi l’occasion de voir des enfants qui ont d’autres coutumes, d’autres maisons. Cette année là est extraordinairement riche pour eux, tout, absolument tout est source d’intérêt si tant est que les textes et les images soient à leur portée. 

Tous les livres sélectionnés nous paraissent être des valeurs sûres, des titres que nous aimons, défendons, parfois sur nos tables depuis des années. Naturellement, la liste est loin d’être exhaustive. Passez nous voir, on se fera un plaisir de vous en faire découvrir d’autres !