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Sélections en essais

Notre sélection en essais

Les nouveautés de janvier en sciences humaines !

Achille Mbembe reçoit le Prix Holberg 2024

A l'occasion de la remise du prestigieux prix Holdberg qui récompense chaque année un chercheur de premier plan dans le domaine des lettres et sciences humaines, des sciences sociales, des sciences juridiques ou de la théologie, nous vous proposons une selection bibliographique. Considéré com...

Jean Malaurie (1922-2024)

Nous apprenons avec tristesse la disparition de l'ethnologue et explorateur spécialiste du grand Nord, Jean Malaurie à l'âge de 101 ans. Il avait créé la prestigieuse collection d'anthropologie et d'ethnologie "Terre humaine" aux éditions Plon.
Nos libraires vous proposent une bibliographie pour découvrir ou redécouvrir l'oeuvre de Jean Malaurie.

Dossiers

Les Éditions du Portrait fêtent leurs 10 ans

"Livre après livre, à travers l’expérience d’un individu sont racontés le cheminement qui mène à l’émancipation, les engagements contre le sexisme, le racisme, le spécisme, le validisme ... Ils transmettent une histoire, nous aident à mieux nous comprendre et donnent envie de participer à constru...

Éditions Nevicata

Les 10 ans de la collection l'âme des peuples !

Coups de coeur

Le corps bavard

"Parler le corps avant de parler les mots."
Une mère accouche, un enfant naît : au-delà de la naissance d'un corps physique a lieu ce que Sophie Marinopoulos appelle une "naissance psychique". Naissance des parents et naissance d'un enfant dans l'échange des regards, la présence de bras contenants et la rencontre de leurs désirs. Ce "partage émotionnel et affectif est une première étape pour le futur parlant. La première musique du langage à advenir". Des échanges interpsychiques fondamentaux qui passent avant tout par le corps et qui préludent des échanges qui jalonnent et constituent nos existences humaines avec ses manques et ses ratés. "Le corps ressent, le psychisme crée des images, des représentations qui lui permettront ensuite de trouver le sens de ce vécu".

Ainsi, derrière le corps physique et ses manifestations se cache un autre corps, imaginaire celui-ci, à déchiffrer : le corps psychique constitué de la mentalisation de nos éprouvés, de ces images qui émanent de nos ressentis corporels et de nos affects. Un "savoir [du corps] qui se ressent avant de se décrire". La tâche est donnée au psychanalyste, cet interprète de l'âme, de se faire également interprète des silences parlant, d'être à l'écoute des corps signifiants. Ceux des bébés et des enfants au stade pré-verbal, atteints de psychose ou autistes mais également ceux des adultes et des adolescents. Car les corps parlent, communiquent leurs désirs, leurs impasses, leurs régressions et leurs souffrances. Il s'agit alors de ne pas réduire la cure analytique à la parole seule et de parfois "parler le corps avant de parler les mots". L'écoute de l'analyste "va agir, aux confluents du corps bavard, sensoriel, symbolique, métaphorique, et du corps parlé, raisonnable, pris dans la réalité".

Forte de sa clinique auprès de petits et grands patients, Sophie Marinopoulos propose avec "Le corps bavard" une série de variations passionnantes sur les questions du rapport qu'entretiennent nos corps avec nos esprits. C'est en exploratrice sensible, qu'elle analyse la formation et les manifestations des interactions intimes et sociales du couple corps-esprit et qu'elle pose, en même temps qu'elle tente d'y répondre, la question centrale de savoir "comment s'assurer que le corps et l'esprit continuent ensemble le chemin de la vie".

Nellie Bly - 10 jours dans un asile

Une plongée en institut psychiatrique avec Nellie Bly

Un jour de 1887, Nellie Brown intègre une pension pour femmes à New York. Le lendemain, cette journaliste sous couverture est envoyée sur Blackwell’s Island pour être internée en hôpital psychiatrique. Son but : raconter la vie des patientes et présenter au grand jour les conditions de vie d’un internement.
Nellie Bly, à la recherche de “troncs” imaginaires et toujours sous un faux nom, est accueillie en asile par des infirmières froides, violentes, et des médecins qui s'intéressent à leurs patients uniquement dans le but de renforcer leur légitimité.
La rencontre entre la journaliste et les autres patientes est aussi surréaliste que tragique ; des femmes saines d’esprit se reconnaissent dans l’assemblée, et celles qui le sont moins nous touchent au cœur par leur détresse.
Ce reportage, que l’on pourrait croire fictif tant il semble hors du temps, est un héritage précieux pour la cause féministe, une arme de défense intemporelle contre l’enfermement et la maltraitance des femmes sans véritable diagnostic.



Une Histoire de la conquête spatiale

C’est une véritable contre-histoire troublante que nous livrent les deux chercheurs Irénée Régnauld et Arnaud Saint Martin dans cette enquête passionnante sur la conquête spatiale.

C’est une véritable contre-histoire troublante que nous livrent les deux chercheurs Irénée Régnauld et Arnaud Saint Martin dans cette enquête passionnante sur la conquête spatiale.


C’est aussi un livre qui choque car il remet en cause un récit qui a illuminé et continue d’illuminer bien des yeux, de petits et grands enfants, qui a conquis nos imaginaires même si notre regard critique semble en éveil.

Déconstruire un récit consiste à mettre à jour des évidences qu’il faut donc questionner : la conquête de l’espace relève-t-elle d’un désir humain, quasi anthropologique, inscrit dans notre adn? Cette volonté de colonisation doit-elle être confondue avec notre volonté de connaissances? Notre regard tourné depuis toujours vers le ciel et l’espace a-t-il toujours été utilitariste?


L'enquête des deux chercheurs nous plonge tout d’abord dans les racines peu reluisantes et peu connues de cette conquête de l’espace, à savoir un groupe d’ingénieurs nazis passionnés d’astronomie, officiant dans des centres de recherche militaire du IIIème Reich. Exfiltrés et “recyclés” par les grandes puissances victorieuses à la fin de la Seconde guerre mondiale, ces brillants cerveaux participent alors aux développement des différentes puissances militaires en pleine Guerre froide et parviennent à instiguer aux USA le projet de voyages spatiaux ayant pour objectif la Lune puis Mars. Le parcours entre autres de Wernher von Braun, figure emblématique de la NASA et de la course à l’espace, en est l’exemple le plus frappant. Les ambiguïtés raciales à l’époque notamment des américains permettent une forme de complaisance avec l’idéologie aryenne, et le complexe militaro économique se satisfait parfaitement de l'organisation autoritaire de ces transfuges allemands.



L’espace devient donc rapidement stratégique à la fois pour les militaires et pour le commerce qui fantasme sur les opportunités d’un tourisme spatial. En alimentant un climat anxiogène et paranoïaque pour les uns et en aiguisant les désirs consuméristes des autres, le récit se met en place, usant d’une astroculture pour entrer dans l’ère de l’astrocapitalisme dont Elon Musk fait actuellement office de champion. 

Plus étonnant est l’omniprésence des états au côté des opérateurs privés: avec plus ou moins d’engouement selon les gouvernements, les états restent des acteurs publics incontournables pour alimenter financièrement les onéreux programmes spatiaux que souhaitent développer les entreprises privées et par conséquent pour alimenter la machine à utopies qui remportera l’adhésion populaire.


Les grands oubliés restent l’écologie et les recherches scientifiques. Et pourtant, même si l’astronome américain Carl Sagan a pu accompagner avec enthousiasme le développement spatial,  sa description de ce “point bleu pâle” qu’est la Terre vue de l’espace par les astronautes (pale blue dot) alertait déjà de la vulnérabilité de notre planète.

D’autre part, les deux auteurs précisent bien que ce n’est pas la conquête de l’espace qui a fait avancer la science mais que ce sont les développements technologiques qui ont permis cet essor des voyages spatiaux. Dans un passage savoureux, le livre rappelle que les astronautes pendant longtemps ne furent guère choisis pour leurs compétences scientifiques; on leur donna même du travail à réaliser pour justifier de leur présence. Ils se contentèrent  alors de représenter l’image que les états voulaient véhiculer à savoir un homme blanc, docile, ordinaire, un potentiel futur touriste spatial.


Le livre fait donc bien la distinction entre astronomie et conquête spatiale car les scientifiques ne vantent pas un plan B, ne prétendent qu’aucune planète ne saurait remplacer la Terre pour les êtres humains, pas plus Mars qu’une autre, que notre surpopulation ne saurait être une aubaine pour l’univers et que notre désir d’immortalité peut paradoxalement accélérer notre disparition.


Irénée Régnauld et Arnaud Saint-Martin ont signé un livre riche, intense, qui vous tient en haleine tel un livre d’espionnage, qui nous ouvre aussi les yeux, nous qui aimons tant les tourner vers les étoiles pour ce qu’elles sont, de formidables sources de recherches scientifiques et parfois même existentielles.

Les origines du sacré

Nature sacrée, sacrée nature !
La couverture, d'emblée, est pleine de promesses : ce sera un voyage illustré, sinon rien. 

"Penser la nature", nous dit le sous-titre, car quelle autre majestée a pu ainsi se tenir au coeur de ce que nous tenons depuis longtemps pour sacré ? 

La nature - grandiose, superbe, parfois impitoyable - fut notre premier berceau, le théâtre de nos premiers pas, autant d'éléments et de phénomènes que nous ne pouvions qu'observer sans réellement les comprendre. Comment instaurer un dialogue avec ce qui semble se décider à notre insu, nous dépouiller du peu de maîtrise que nous avons sur notre destinée, sans autre alternative que celle de contempler ses merveilles, de nous soumettre à ses caprices ou de craindre son courroux ? L'humanité, dans sa quête de sens, n'a cessé de penser son rapport avec la nature à travers le sacré, forme d'échange par lequel elle espérait percer ses secrets et ses mystères, parfois obtenir sa clémence...

Ainsi, Patrick Banon et Antoine Pateau nous invitent, à l'aide de 7 chroniques, à comprendre de quelle façon la nature a incarné cet échange dans l'esprit des humains, leur inspirant adoration, crainte et effroi, cultes et croyances, rituels et symboles. Des cieux aux forêts, cette fascinante odyssée puise dans les cultures du monde entier et de toutes époques pour nous montrer que le sacré n'était, aux origines, qu'une autre façon de la penser.

L'ouvrage, par ses illustrations soignées et ses textes à la fois accessibles et relativement courts, saura séduire un large public curieux de se laisser entrainer dans ce voyage des origines, lorsque la nature nous émervaillait jusqu'au sentiment du sacré.

Manifeste du Muséum, Justice environnementale; Reliefs éditions

Depuis 2017, le naturaliste Bruno David qui dirigea pendant sept années le Muséum d’Histoire naturelle de Paris, a constitué un collectif sous la direction du zoologiste Guillaume Lecointre et l’anthropologue Frédérique Chlous afin d’éclairer nos sociétés contemporaines au regard de l’Histoire n...

Questionnant tour à tour le genre, les migrations ou encore la violence, un groupe de chercheurs pluridisciplinaires repense les problématiques actuelles à l’aune de notre espèce humaine comme appartenant à un tissu mondial vivant.

Cet opus consacré à la question  de la justice environnementale retourne aux sources même de la justice: “L’expérience de l’injustice est souvent à l’origine de l’aspiration à la justice. (...) La justice environnementale naît donc d’un sentiment d'injustice."

Il est donc nécessaire de comprendre les inégalités que sous-tendent une planète en proie à la pollution, au réchauffement climatique, à la dégradation de son habitat terrestre pour mettre en place une  véritable justice sociale environnementale. D’autant plus que les inégalités environnementales reflètent les inégalités sociales. Plus grande est la vulnérabilité sociale, plus grand est le risque de ne pouvoir s'adapter aux changements climatiques. Il est indispensable comme le fait l'ouvrage de poser la question de ce qu’est le droit à une vie digne ainsi que de réhabiliter la notion de “commun”.

De plus, comme le précise le manifeste, “cette vision anthropogénique n’est pas nécessairement anthropocentrée”: elle doit bien au contraire prendre en compte non seulement l’espèce humaine mais le vivant dans sa globalité, l’humain appartenant à cette dynamique du vivant. D’ores et déjà des populations ont déjà franchi le cap de donner des droits à des fleuves comme  dans le cas du fleuve indien, le Gange, en lui attribuant une personnalité juridique. 

Ce petit manifeste bilingue (français et anglais), magnifié par les éditions du Relief, est un véritable outil de réflexion et d’action.

La honte est un sentiment révolutionnaire

La philosophie au secours de l'actualité
LA HONTE !
Un sentiment révolutionnaire ? Assurément, “la honte est un levier” nous dit le philosophe Frédéric Gros dans Le pouvoir de la honte. De l’honneur des familles à ses variations virtuelles, Frédéric Gros emprunte aux mythes et à la littérature pour esquisser une généalogie de cet affect structurant qu’est la honte, ce “mécanisme social contraignant et ritualisé”. Réfléchir autour de la honte, c’est aussi regarder ce qu’elle révèle de nos blessures, du déclassement, de l’exclusion, du mépris : c’est une économie symbolique, une clinique de la violence et de la dignité.

Il y a les humiliants et les humiliés, l’honneur que l’on restaure, la honte qui nous survit : penser la honte implique de penser la norme, l’autorité, la moralité sexuelle. De la “lettre de cachet” à la norme médicale, la honte est intrinsèquement contagieuse, collective : elle induit tout un système de valeurs, aux frontières du sexe, de la morale, de la vertu. Elle nourrit aussi les idéologies : le néo-libéralisme et le capitalisme numérique renouvellent les mécanismes de normativité, de respectabilité, d’expiation et instaurent une nouvelle puissance de stigmatisation. Aussitôt, et Fréderic Gros se montre brillant, la honte nous rappelle inévitablement à la domination masculine et les expériences répétées de l’humiliation, à la “dévastation de l’intime”.

De nos hontes traumatiques à nos hontes intersectionnelles, le philosophe transforme le verrou en levier : contre la résignation et le mépris de soi, dépasser la “honte tristesse” pour embrasser sa valeur fédératrice, la colère, l’indignation. La honte, aux côtés de Annie ernaux, Didier Eribon, Camus, Kafka, Primo Levi ou Baldwin, est un “appel aux devenirs”.
 

L'ère du toxique : essai sur le nouveau malaise dans la civilisation

La clinique et l'antidote du nouveau malaise dans la civilisation.
Toxique notre environnement.
Toxique le monde politique.
Toxique le monde du travail.
Toxiques nos histoires d'amour.
Toxique la famille.
Toxique le pouvoir des pères.
Toxique l'humanité elle-même ?
 
"Toxique" est dans l'air du temps : dans nos esprits, dans nos corps et sur toutes les bouches. Quels contours et quel sens donner à cette angoisse face à ce que l'on ressent comme irrespirable?
 
 
Freud avait déjà perçu en 1929 "une dimension asphyxiante de la civilisation [...] en parlant de malaise dans la civilisation." Expression qu'il utilisait pour "interroger déjà le sens du progrès, les bienfaits de la technique, les exigences de répression des pulsions, et l'inextinguible pulsion de mort qui ne cesse de faire retour sous forme d'agressivité, de guerre, de destruction." Qu'en est-il de nos jours?  Et comment rendre compte de notre sensibilité à ce que nous désignons comme toxique ?
 
Il faut tout d'abord revenir à la source des mythes de l'Antiquité. "Toxicon" chez les grecs, il est à la fois ce poison dont les barbares enduisaient les pointes de leurs flèches pour tuer leurs ennemis et la "substance venue de l'Autre" qui imprègne la tunique de Nessus revêtue par le demi-dieu Héraclès et qui le consume. Il est bien plus tard, au XIXeme siècle, ces toxiques que l'on s'administre pour échapper à la souffrance : ces stupéfiants dont Freud fera mention dans ses écrits. Au XXeme siècle son usage s'étend, avec la prise de conscience écologique, à notre rapport au vivant et à la façon dont nous nous l'approprions jusqu'à sa destruction. De nos jours, le toxique a envahi la sphère intime et de simple poison, il est devenu l'expression d'un certain type de rapport à l'autre sur le mode du forçage du consentement et du désir (le nôtre et celui de l'autre), "Le toxique serait ainsi l'expérience de la transgression à une époque où ce qui est à transgresser, c'est une frontière dans le corps". Il est plus généralement un exercice abusif du pouvoir sur l'autre depuis la parole. 
 
Partant de cela, "vers où dérivons-nous?" se demande Clotilde Leguil dans une civilisation qui a fait de la volonté de jouissance sa valeur cardinale? Tout l'enjeu est de "trouver un antidote. Un contrepoison" à cette exigence pulsionnelle mortifère. "A cette substance empoisonnée, qui fait souffrir, mais aussi substance qui procure une étrange jouissance." Pour cela, la psychanalyste dresse le tableau clinique des symptômes du toxique, analyse et interpréte ses signes partout où ils se manifestent : des mythes de l'Antiquité à nos (pré)occupations contemporaines en passant par la littérature du XIXème siècle. 
En dernière analyse, le remède se trouve sans doute dans le désir que le toxique de la jouissance met à mal. Mais pas n'importe-quel désir : le "désir de savoir ce qui [nous] a empoisonné". Et c'est au final aux pouvoirs de désintoxication de la cure analytique que Clotilde Leguil en appelle, au pouvoir de régénération de la parole quand elle s'exerce depuis un lieu de désir, dans la capacité propre aux mots de "défaire ce qui s'est fait avec des mots."
 
"L'ère du toxique" constitue déjà en lui-même une preuve remarquable, par la finesse et la justesse de ses analyses, que "c'est par le Verbe que la poussée du vivant va faire reculer les effets de la pulsion de mort". 
 
 
 

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Education bienveillante ou retour à l'autorité? Eléments de réponse.
Education bienveillante ou retour à l'autorité? Et si l'on allait chercher des éléments de réponse aussi dans ce qui se pratique à l'étranger en matière d'éducation? Nous vous proposons un tour des  nouveautés au rayon éducation comme autant de réponses différentes à la question universelle de comment bien élever ses enfants.

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