Tahar Ben Jelloun lève le voile sur un tabou de société, une maladie encore méconnue de la population. Cette œuvre L’ablation est la description crue et minutieuse des différentes étapes que traverse un patient connaissant les méandres du cancer de la prostate et ses conséquences malheureuses.
Passer du « tout va bien » au « rien ne va plus », passer d’une vie riche et dynamique où le sexe occupe une place majeure à une vie vide de sens, emplie d’angoisses, de traumatismes lourds à porter et à accepter, telle est l’expérience que nous propose ce récit. L’auteur relate l’histoire bouleversante de son ami proche, atteint de cette maladie, en narrant en détail son calvaire, la découverte de la maladie, le parcours des soins jusqu’à l’ablation de l’organe et ses suites. Il met l’accent sur les conséquences physiologiques et psychologiques, qui sont celles que pourrait subir n’importe quel homme. En cela, l’expérience relatée devient universelle, et l’histoire nous émeut tout autant qu’elle nous informe.
Personnellement, j’ai beaucoup apprécié cette œuvre. Je connaissais l’auteur de nom mais n’avais encore rien lu de lui. J’ai aimé son style d’écriture, sa volonté de coller au plus près de la réalité vécue de l’intérieur par son ami. Le lecteur s’identifie à ce dernier, ressent ses émotions, prend conscience des dégâts et gênes occasionnés par ce cancer. Il suit tout autant les différents stades du traitement de la maladie que les métamorphoses successives du protagoniste qui doit apprendre à accepter et à vivre avec son corps amputé. C’est une forme de témoignage déguisé et j’ai trouvé courageux le fait de se confier ainsi et de vouloir transmettre l’épreuve vécue. C’est aussi une leçon de vie car, finalement, même tronquée, celle-ci continue…
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BILLET N°7 PAR ADRIEN LAUWERIER, B.T.S. ASSURANCE
Courir de Jean Echenoz
« Courir ». C’est le titre de l’œuvre rédigée par Jean Echenoz que j’ai eu le plaisir de découvrir récemment. Vous vous demandez sûrement quelle intrigue se cache derrière un titre si bref ?Alors, installez-vous bien, c’est aujourd’hui le sujet de mon article.
Cette œuvre est une biographie romancée qui raconte l’histoire d’Emile Zatopek, un athlète tchécoslovaque né en 1922. Au début de celle-ci, Emile est un jeune garçon de 17 ans, originaire de Moravie et simple ouvrier dans une usine de chaussures lorsque les Allemands envahissent sa région. C’est alors qu’il va participer à une première course malgré l’indifférence qu’il porte à cette discipline jusqu’alors. Suite à celle-ci, considérée à la base comme un fardeau, Emile va rapidement prendre goût à ce sport et aux entraînements pendant lesquels il souffre beaucoup tout en prenant du plaisir à courir.
Le rythme du roman s’accélère et découle de cette première course de nombreuses autres compétitions. Les débuts d’Émile ne sont pas très faciles, il voyage dans de nombreux pays et représente seul le sien. Manque de crédibilité et moqueries seront au rendez-vous. En effet, de part sa tenue atypique ou sa façon de courir, les regards posés sur Emile seront tout d’abord narquois. Jean Echenoz saura vous faire ressentir ces différents aspects notamment par des descriptions précises. Pourtant, viendra la « gloire » de notre sportif et ses très nombreux exploits allant de médailles d’or jusqu’aux records mondiaux. Les compétitions et victoires s’enchaînent pour cadencer ce roman. En parallèle, le contexte historique est pesant. L’occupation allemande et, par la suite, le stalinisme forment un fond de tension permanent freinant parfois Emile dans ce sport qu’est la course, devenu une priorité pour lui. Il s’engage dans l’armée, et voit son grade élevé à un rang supérieur lors de grandes victoires ; il devient symbole du communisme. Mais alors, comment Emile va t-il réussir à pratiquer ce sport dans un contexte si particulier et quelle fin nous réserve l’auteur ? Je vous laisse le découvrir par vous-même.
A travers ce roman, il est sûr qu’il vous sera impossible de vous ennuyer, le rythme de celui-ci est effréné à l’image des différents exploits d’Emile et des évènements historiques. Entre tension et épanouissement, l’histoire d’Emile attirera toute votre curiosité de chapitre en chapitre. Par son écriture, Jean Echenoz vous donnera l’impression de faire partie de cette histoire à laquelle il donne vie, et vous partagerez l’évolution du personnage principal.
Enfin, le sport de nos jours est omniprésent dans notre société ; c’est pourquoi je ne peux que vous recommander cette œuvre construite autour de ce milieu. Ce roman qui allie tension et passion vous fera découvrir l’histoire d’Emile, mais aussi peut être, vous inspirera et vous permettra de devenir, à votre échelle, le champion qu’Émile Zatopek a été.
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BILLET N°8 PAR MARION MARMOTIN, B.T.S. ASSURANCE
« Le résultat de la soirée fut que Wilde et moi-même promîmes d’écrire des livres pour le Lippincott’s Magazine ». C’est de cette révélation d’Arthur Conan Doyle lors d’un diner, qu’est né le seul et unique roman que rédigea Oscar Wilde, Le Portrait de Dorian Gray.
Comment vous faire partager un roman aussi riche et fascinant que celui-ci ? Pourtant, à sa sortie en 1890, il avait déchaîné les critiques les plus virulentes car jugé immoral par la société britannique. Et l’histoire contée se révèle effectivement contraire aux lois éthiques les plus élémentaires. L’auteur nous transporte au cœur du Londres sinistre de la fin du XIXème siècle pour suivre l’histoire du héros éponyme, Dorian Gray, qui a fait un souhait des plus insensés : il désire plus que tout rester jeune et conserver son physique très avantageux.
Ce jeune homme, candide et d’une exceptionnelle beauté, suscite curiosité et admiration. Deux personnages vont être omniprésents à ses côtés ; Basil Hallward, peintre et ami de Dorian Gray. Il fait de lui son modèle car lui-même est fasciné par la beauté du jeune homme. Du reste, il a une attitude assez ambiguë : s’il adopte un ton paternaliste visant à prévenir ou condamner les écarts de conduite de son modèle, il semble troublé par cette beauté hors norme. Le second personnage est Lord Henry Wotton, un ami de Basil qui va faire la rencontre de Dorian au cours d’une séance de peinture dans l’atelier de ce dernier. C’est un homme reconnu, brillant, beau parleur mais totalement immoral, son seul but semble de corrompre par ses paroles aussi séductrices que perverses.
Le roman, au fil de ses 300 pages, nous retrace donc l’étiolement de la vie du jeune héros, à travers trois thèmes centraux : l’art, la jeunesse et le vice. Tout commence dans l’atelier du peintre dans lequel les trois protagonistes échangent au sujet d’un portrait que Basil vient de peindre, le portrait de Dorian Gray. Ce dernier reste stupéfait par la beauté et la candeur qui émane de ce tableau, stupéfait à un point tel qu’il est envahi par un de sentiment de joie mêlé d’une profonde tristesse. Corrompu par les idées de Lord Henry, Dorian comprend que sa jeunesse et sa beauté seront éphémères et qu’il subira les outrages du temps. Devant ce portrait, il émet alors un souhait : il serait prêt à tout donner pour que le portrait vieillisse à sa place et porte pour lui les marques du temps qui passe. Et c’est ainsi, que, sans le savoir, Dorian scelle une sorte de pacte avec le diable.
Il prendra conscience que son souhait le plus cher a été exaucé après le suicide de Sibyl Vane, une comédienne dont Dorian était tombé follement amoureux, qu’il n’a pas hésité à abandonner honteusement et dont la mort ne lui inspire qu’indifférence. Il constatera que le portrait a changé, une expression de cruauté marque désormais son visage. Et ce n’est que la première d’une longue série, accompagnant la décadence du jeune Dorian et la décrépitude de son âme autrefois si pure et innocente, désormais souillée et pervertie. Cachant son portrait, le jeune homme se noie dans la débauche, et ne cesse de rechercher de nouveaux plaisirs, tous plus destructeurs les uns que les autres : alcools, drogues, sexe, il mène une vie de décadence qui va le conduire aux crimes les plus graves... Mais des rumeurs assez lugubres commencent à circuler sur « le prince charmant » comme il est surnommé. Son secret serait-il en danger ?
Eh bien cela, je laisserai votre curiosité le découvrir !
Si je vous recommande ce livre, c’est parce qu’on me l’a également recommandé et le moins que je puisse dire c’est que je n’ai pas été déçue. L’auteur, au travers de l’histoire de Dorian Gray, nous présente un personnage qui recherche sans cesse la beauté et qui souhaite ne jamais vieillir et mener une vie de luxe. En cela, cette histoire est très contemporaine et reflète bien les préoccupations de notre société actuelle qui se caractérise par le jeunisme, cette quête de la jeunesse perpétuelle alimentant une volonté de rajeunir continuellement. Ce roman très riche, aborde par ailleurs des problématiques liées à la consommation abusive de plaisirs multiples, tels la drogue, l’alcool ou le sexe et nous fait réfléchir sur notre société de consommation et nos propres addictions destructives. Enfin, il aborde aussi le thème du narcissisme et des sentiments, de l’impossibilité d’aimer autrui si l’on se prend de passion pour soi-même et, là encore, à l’heure des selfies et d’un individualisme égocentrique de plus en plus répandu, il nous renvoie à nous-mêmes. J’ajouterai que l’écriture est très belle et les personnages complexes et intrigants.
Il ne vous reste plus qu’à acheter ce roman et vous y plonger, dans un bon canapé. Vous m’en direz des nouvelles. J’attends vos avis avec impatience !
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BILLET N°9 PAR DELPHINE BONNET, B.T.S. ASSURANCE
La chambre des officiers est un roman écrit par Marc Dugain en 1998. Il retrace le parcours douloureux de son grand père, officier, blessé pendant la guerre 1914-1918 par un obus qui le défigure, il devient une « gueule cassée » nom donné aux soldats blessés au visage lors de la 1ère Guerre mondiale. Il est alors transporté à l’hôpital du Val de Grâce, où il va passer cinq ans dans une chambre regroupant les officiers blessés gravement au visage. La veille de son départ pour la guerre il a un coup de foudre pour une femme, Clémence, et l’espoir de la revoir va lui donner le courage de se battre. Une réelle solidarité s’installe avec ses camarades de chambre et de vraies amitiés naissent et se poursuivent même après leur sortie. Ce roman écrit à la première personne décrit les scènes avec une telle précision que je me suis sentie transportée dans la peau du personnage. Au cours de ma scolarité j’ai étudié la 1ère Guerre mondiale mais je ne me souviens pas avoir appris quoi que ce soit sur les gueules cassées, j’ai entendu parler des blessés de guerre, des morts au combat pour la France mais pas des gueules cassées.
A travers ce roman j’ai pris conscience de cette autre facette de la guerre subie depuis une chambre d’hôpital et j’ai ressenti cette douleur à la fois physique et morale. Ils sont défigurés, ils perdent leur identité, leurs proches ne les reconnaissent plus, certains sont rejetés par leur famille. Ils ont peur du monde extérieur, d’affronter le regard des autres, il faut parvenir à accepter ce nouveau visage.
J’ai dévoré ce roman qui est touchant et je vous invite à le lire car il apporte une autre vision de la guerre que vous ne connaissez peut être pas. Il montre surtout le combat intime que certaines victimes du conflit ont dû mener bien après la fin officielle de la guerre, celui de l’acceptation de soi en dépit de, ou plutôt avec son aspect monstrueux.
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BILLET N°10 PAR CHARLOTTE SMIT, B.T.S. ASSURANCE
Le Grand Secret est un roman qui mêle histoire et fiction. L’histoire évoque un secret de la plus haute importance qui réunira les grands chefs d’états du 20e siècle et qui bouleversera ceux qui en auront connaissance. Il séparera également Jeanne et Roland deux amants qui s’aiment d’un amour passionnel. Jeanne partira à la recherche de Roland pendant une longue partie de sa vie, en essayant donc de percer le mystère à l’origine des disparitions récentes de professeurs, biologistes et tant d’autres personnes. Elle finira par trouver le moyen de se faire conduire jusqu’à Roland, des années après sa disparition mais les retrouvailles seront différentes de celles imaginées et la révélation du secret aura des conséquences aussi inattendues qu’irrémédiables.
A travers son œuvre, René Barjavel sait captiver son lecteur et entretenir le suspense en suggérant des pistes afin de découvrir le secret sans le dévoiler. On comprend réellement ce qu’est le secret seulement dans la dernière partie du livre.L’auteur imagine le devenir du monde si les humains arrivaient à vaincre leur peur universelle : la mort. L’histoire est donc une succession de choix que font ceux qui essaient de protéger tant bien que mal ce secret.
Les grands enjeux de l’immortalité sont abordés, comme le manque de ressources si nous étions condamnés à vivre indéfiniment ou encore les problèmes que causerait l’immortalité si celle-ci se transmettait aux êtres animés (nous n’aurions plus de fruits, il y aurait une surpopulation humaine et animale). Certes le scénario ainsi que les moyens mis en place pour préserver l’humanité dans le livre semblent purement fictifs et irréalistes, néanmoins les problématiques soulevées sont plus que jamais d’actualité.
En effet, les progrès de la science et la détermination des transhumanistes pourraient un jour prochain nous conduire à obtenir cette immortalité. Par ailleurs, le roman allie donc l’Histoire du point de vue des grands chefs d’Etat, mais aussi en parallèle l’histoire à l’échelle de l’individu, celle de la vie Jeanne. Ce double point de vue, politique et personnelle, amène une vision complète des enjeux et de la complexité du secret gardé. Il nous interroge sur des angoisses existentielles : la peur de vieillir et celle de mourir ; il nous fait vibrer aussi à travers des émotions fondamentales comme l’amour et l’instinct maternel, il met enfin l’accent sur la lourde responsabilité qui incombent aux chefs d’état dans les choix effectués… Des ébauches de réponse sont suggérées mais jamais imposées pour alimenter notre propre réflexion et c’est ce que j’ai trouvé passionnant dans ce récit. Il peut nous amener à relativiser nos peurs modernes et nous suggère d’autres modes d’appréhension de la vie, de sa valeur et de ses limites. Vous l’aurez compris : je vous conseille vivement la lecture de cet ouvrage.
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BILLET N°11 PAR CLÉMENCE LUQUET, B.T.S. SUPPORT DE L'ACTION MANAGÉRIALE
Quel voyage… Maylis de Kerangal nous emmène dans un tourbillon, le tourbillon de la vie. Réparer les vivants est un titre tellement juste et plein d’espoir. La mort d’un être, grâce à ses organes, peut « réparer » et sauver une personne qui va mourir.
Simon Limbres, un jeune homme de 19 ans, est un surfeur heureux aimant la vie. Lors du retour d’une session de surf, le van conduit par son ami Chris sort de la route et percute un poteau. Simon est le seul qui n’est pas attaché et, sous la violence du choc, son crâne heurte le pare-brise. Il est conduit aux urgences, inconscient mais vivant. A son arrivée, plongé dans un coma profond, il sera déclaré en mort cérébrale.
Maylis de Kerangal aborde dans son livre la mort, le don d’organes, la transmission et la vie. J’ai été impressionnée par la justesse des mots employés et malgré la gravité de la situation, l’histoire est pleine d’humanité. Comment faire comprendre aux parents de Simon que leur fils n'est vivant que grâce à des machines et que ses organes sains pourraient sauver d’autres personnes ? Malgré leur douleur, accepteront-ils que le prélèvement d’organes soit réalisé ? Le personnel médical et l’atmosphère au sein de l’hôpital sont très bien décrits par l’auteur et mis à l’honneur. J’ai apprécié tout au long de ce livre que soient mis en avant les sentiments de respect et de dignité.
A l’autre bout de cette chaîne humaine se trouve Claire Mejan, 51 ans atteinte d’une myocardite, en attente d’une transplantation cardiaque depuis plusieurs années. Le don du cœur de Simon pourrait permettre à Claire de respirer et de vivre. Une transplantation doit se faire rapidement. Le récit se déroule en 24 heures, c’est rapide et long en même temps. Le rythme est parfois lent pour exprimer la souffrance, la détresse et parfois rapide lorsque qu’il s’agit de dire l’urgence de la vie. J’ai été bouleversée par ce mélange de tristesse, d’espoir et de bonheur. C’est une belle leçon de vie.
Lorsque j’ai lu ce roman au rythme de la transplantation, l’histoire m’a amenée à me poser des questions sur le don d’organes. Je ne m’étais jamais sentie concernée mais, oui, je veux donner mes organes si je dois mourir. La mort peut permettre la vie. Ce livre est un hymne à la VIE. Lisez-le, c’est une histoire bouleversante et riche en émotions. Les sentiments de tristesse et de joie y sont mêlés. La mort et la vie y sont étroitement liés.
Face aux feux du soleil d'Isaac Asimov
Le roman Face aux feux du soleil d’Isaac ASIMOV, nous amène dans un monde futuriste que nous découvrons aux côtés de l’enquêteur Elijah Baley. Il s’agit du premier terrien envoyé sur une planète appartenant au monde extérieur.
Elijah quitte la planète Terre pour enquêter dans un monde inconnu, celui de Solaria. Sur terre, les habitants vivent isolés de la surface, dans des villes souterraines. Cette planète surpeuplée dispose d’une activité technologique sous-développée et d’une espérance de vie relativement faible. Inversement, Solaria est une planète qui compte plus de deux cent millions de robots au service de seulement 20 000 êtres humains qui disposent d’une longévité de vie très poussée. Les descendants des terriens, venus habités sur Solaria, demandent une aide à la Terre et à la planète Aurore pour comprendre et élucider un assassinat bien intriguant sur cette planète robotisée. Les Spaciens souhaitent l’intervention de l’inspecteur Elijah Baley et de R. Daneel OLIVAW, leur alliance ayant eu un fort succès lors de l’élucidation d’un précédent meurtre décrit dans l’ouvrage Les Cavernes d’acier « les cavernes d’acier ».
A travers cet ouvrage, nous accompagnons Elijah Baley dans la découverte de ce nouveau monde dans lequel il doit élucider un assassinat complexe. En effet, sur Solaria, les habitants, à l’exception des couples, n’ont aucun contact physique direct. Ce dernier leur est insoutenable, ils habitent sur des domaines immenses, éloignés les uns des autres par de nombreux kilomètres. Pour établir un dialogue, les habitants se visionnent à partir de la stéréovision, un système de communication holographique. Par ailleurs, ce monde est régi par les trois lois de la robotique qui visent à interdire aux robots de faire du mal aux êtres humains. Ces deux spécificités rendent donc impossible a priori un meurtre sur cette planète sauf qu’un grand scientifique a bien été tué. L’enquêteur Elijah va se confronter aux mœurs étranges de cette planète, il va aussi apprendre à dominer ses phobies tout en faisant face à des tentatives d’assassinat sur sa propre personne. Malgré tout cela, il ne renonce pas, il va même se confronter en chair et en os avec les personnes les plus concernées, celles qui pourraient, éventuellement lui fournir des informations sur l’assassinat du Docteur Delmarre.
Isaac ASIMOV arrive à nous plonger au cœur de cette enquête en distillant des indices énigmatiques. Il entretient ainsi le suspense sur l’identité du meurtrier ainsi que sur les conséquences de cet assassinat jusqu’à l’extrême fin de l’histoire. Ce roman permet aussi de s’interroger sur le devenir de l’humanité et de sa cohésion avec l’invasion et les progrès toujours plus grands des nouvelles technologies telles que la robotique. L’humanité apparait dépassée, elle se terre, vit dans l’angoisse et se renferme sur elle-même tandis que se développe la conquête de l’espace et l’apparition de nouvelles structures sociales dans lesquelles la communication est désincarnée, les relations humaines virtuelles et la robotique dominante.
La simplicité et le rythme enlevé du récit rendent la lecture de celui-ci rapide et agréable, le lecteur étant avide de connaitre l’auteur de l’assassinat initial et des tentatives ultérieures.Je vous encourage fortement à vous plonger dans cette enquête futuriste aux côtés de l’inspecteur Elijah Baley et de R. Daneel OLIVAW. Qui est l’assassin ? un Spacien ? un robot ? Je vous souhaite une bonne enquête !
L'île du Docteur Moreau de H.G. Wells
L’ile du Docteur Moreau est un récit de science-fiction publiée en 1896 en Angleterre.
Un jeune homme, Prendick, échoue sur une île où se déroulent des expérimentations scientifiques exécutées par un savant fou. Obsédé par la vivisection et la transfusion sanguine, ce dernier visent à fabriquer des êtres hybrides afin d’en faire des créatures capables de penser et de parler, des êtres déchirés entre posture humaine et instinct primaire bestial refoulé car proscrit. La terreur règne sur cette île et l’aventure tournera au désastre généralisé. Cette œuvre rappelle le Frankenstein de Mary Shelley, écrit plus tôt, par les thèmes évoqués. Est à noter aussi l’actualité de ce livre à l’heure où progrès technologique et scientifique ne cessent de se démultiplier et posent le problème de l’éthique. D’une modernité surprenante, ce livre se fait l’écho d’une science toute puissante détenue par un chercheur qui joue à l’apprenti sorcier en toute impunité et inconscience. L’homme ne se prendrait il pas pour dieu ?
Mépris de la vie animale, bestialité de l’humain. Une inversion s’opère et cette dualité se signale dans la barbarie et l’inutilité de certaines expériences qui n’engendrent que souffrance au mépris de l’éthique. Où est notre humanité lorsque nous même nous fermons les yeux sur les atrocités commises sur des animaux tout comme le fait Prendick , p 55: « ..les cris résonnaient ..toute la douleur du monde … s’exprimer. Pourtant, (…) j’aurais assez bien supporté de savoir la même souffrance près de moi si elle eut été muette » ? Toute l’hypocrisie de notre monde moderne est ici évoquée. Ces deux dernières années aux USA 20 % de primates en plus ont été utilisés dans les laboratoires mais sont muets, nous abattons des millions d’animaux par an dans le monde dont des cochons avec lequel nous partageons 98% de nos gènes et qui sont aussi les cobayes d’expériences visant à faire d’eux des distributeurs d’organes de rechange pour les hommes sans parler du clonage ou même de la volonté affichée par certains de faire revenir à la vie des espèces disparues telle le mammouth laineux….. De la littérature de science-fiction à la réalité, il n’y a qu’un pas et toutes les horreurs relatées dans ce récit pourraient bien devenir triste réalité… En chacun de nous sommeille une part sombre et bestiale. Nous nous efforçons de croire que nous sommes en tout supérieur à l’animal mais l’histoire de l’humanité nous rappelle que les instincts primaires peuvent ressurgir à tout moment. Qui sont alors les véritables bêtes ? A la fin du livre, un rescapé retournera dans le monde civilisé mais ne pourra plus jouer la comédie humaine, il gardera les stigmates de cette mésaventure et ne cessera de s’interroger le reste de sa vie : qui de l’homme ou de l’animal est le plus bestial ?
« L’être humain est, au fond un animal sauvage et effroyable. Nous le connaissons seulement dompté et apprivoisé par ce que nous appelons civilisation », Arthur SCHOPENHAUER.
En conclusion, et même si la critique faite en amont est peut-être quelque peu vindicative à l’égard de mes semblables concernant le sort réservé aux animaux, j’ai apprécié ce livre dans son ensemble. La science-fiction est un style que j’affectionne car l’utilisation de la réalité pour nous emmener vers un monde « imaginaire » nous permet de prendre du recul sur certains thèmes sociétaux. En outre, le sujet de cet ouvrage est particulièrement intéressant et comme nous l’avons évoqué plus haut, il est toujours d’actualité avec un nouveau défi, l’utilisation, à bon escient, des nouvelles technologies dans la transformation du vivant.
L'attentat est un roman écrit par Yasmina KHADRA en 2005. Ce récit traite de différents thèmes comme le terrorisme, le mystère que constitue tout être humain et la violence destructrice.
Voici l'histoire d'un Israélien d’origine arabe nommé Amine Jaafari, réputé pour ses qualités de chirurgien dans l'hôpital de Tel-Aviv. Etant le narrateur de l'histoire, nous vivons ses peines, ses souffrances et ses questionnements suite au décès de son épouse, Sihem Jaafari, une palestinienne qui a secrètement intégré les rangs d'un mouvement de résistance djihadiste. Mais cela nous ne l’apprendrons que plus tard. L’intrigue débute par un attentat, un terroriste s’est fait exploser dans un restaurant au milieu de 17 enfants qui fêtaient un anniversaire. Son corps est donc envoyé à l'hôpital ainsi que les autres corps. Amine est appelé au beau milieu de la nuit par son ami Naveed Ronnen, un policier qui lui ordonne de venir à l'hôpital sans lui donner d'explications. A son arrivée, il découvre le corps de sa femme qui n’est autre que le kamikaze ayant perpétué l’attentat. Après cette terrible nouvelle, Amine sombre dans une dépression, refuse de retourner à l'hôpital et se barricade chez lui afin de se protéger des insultes, menaces et agressions racistes dont il est victime. Mais le besoin de comprendre pourquoi sa femme a commis l’irréparable, qui elle était vraiment et comment il a pu vivre à ses côtés si longtemps en ignorant tout de ses pensées et gestes va être le plus fort. Suite à la découverte d'une lettre envoyée de Bethleem par Sihem avant son acte, il décide de s'y rendre. A partir de là, nous suivons les aventures d'Amine, traversant de longs moments de solitude, et de souffrance, essayant de se battre pour obtenir les réponses à ses questions en allant rendre visite à sa famille ainsi qu'aux différentes personnes potentiellement au courant des intentions de Sihem. Un jour, il parviendra à rencontrer ces personnes qui le renseigneront... Mais peut-on expliquer l’horreur, est-ce souhaitable de connaitre la vérité ? La fin du livre répond à ces questions à sa manière…
J'ai beaucoup apprécié ce récit même si la lecture est parfois difficile. En effet, celle-ci demande de la concentration pour suivre les différentes étapes du périple d’Amine et retenir l’identité et le rôle de chaque protagoniste. Ceci dit, je me suis laissée entrainer dans cette quête haletante. Ce récit plein de mystère incite le lecteur à vouloir connaître la suite rapidement. En effet, chaque chapitre présente une action, un souvenir, un moment touchant ou encore une découverte. Des passages du livre suscitent même le stress, on ne sait pas si un drame va surgir ; c'est aussi ça que j'ai apprécié, le fait de vivre des émotions. La fin m'a surprise, j’en espérais une autre et, en même temps, en y réfléchissant, je ne voyais pas l'histoire se terminer autrement.
Je trouve cette histoire réaliste et touchante car nous vivons dans un monde où le terrorisme, les attentats font malheureusement partie de la vie. Ce livre permet de se poser des questions sur la vie, il nous montre comme elle est précieuse. Il nous interpelle aussi sur la difficulté, voire l’impossibilité de connaitre l’autre, et même lorsqu’il s’agit d’une personne proche, en cela il est dérangeant et intéressant. Je conseille la lecture de cet ouvrage car il donne une leçon de vie et montre la cruauté du monde dû au racisme.
Le livre apporte un dépaysement total. Il nous permet aussi de suivre l’évolution personnelle de son auteur, Sylvain Tesson, Robinson moderne et volontaire. Il a choisir de perdre toute communication avec le monde dans lequel il vivait, jusqu’au 16 juin 2010, jour noir lors duquel il reçoit par téléphone satellite un message qui le plonge dans le désespoir. La solitude désirée, aimée en dépit des difficultés, devient alors un fardeau insupportable. Il s’interroge, remet en cause ses choix, pense à en finir mais il ne lâche rien.
Je suis admirative de la détermination et du courage dont l’auteur a fait preuve tout au long de son aventure mais aussi de son écriture si poétique : il a su rendre compte de la beauté de la nature, de sa violence aussi, de ses moments de doute mais aussi de bonheur immense qui ont ponctué sa vie solitaire. Il a su me tenir en haleine tout au long de ma lecture. Ce livre est une aventure d’émotions, qui donne envie de liberté et de simplicité. Lecteur en quête d’évasion, je recommande !
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BILLET N°16 PAR JULIETTE BALY, B.T.S. COMMERCE INTERNATIONAL
Loin d'eux de Laurent Mauvignier
Luc est un jeune homme enfermé dans un mal de vivre causé par l’absence de dialogue familial et la peur de décevoir ses parents qui lui reprochent sans cesse son manque d’ambition. Quand le drame arrive, tous sont stupéfaits, ne comprennent pas sauf Céline, sa cousine et amie, la seule qui redoutait que ce malheur ne s’abatte un jour sur eux. Tous deux formaient un duo, en lutte contre leurs parents et leurs valeurs, aussi incompris l’un que l’autre par leur entourage.
De l’amour, il y en a pourtant. Mais la peur de décevoir empêche de le montrer. Laurent Mauvignier, dans ce premier roman, fait parler ces silences qui étouffent les sentiments, avec subtilité et profondeur. Chacun leur tour, les membres de cette famille évoquent leur douleur et leur incompréhension face au geste fatal de Luc ; mais une fois de plus, ce ne sont que des monologues intérieurs que chacun garde au plus profond de lui, des récits de solitude qui nous rappelle qu’on ne se rend compte de l’importance des êtres, des paroles tues, des gestes étouffés qu’après la perte.
Laurent Mauvignier ne raconte pas seulement les maux d’une famille, il raconte les maux d’une société dans laquelle il est nécessaire d’être accepté et semblable aux autres, une société dans laquelle les rêves et l’originalité n’ont que peu de place, une société qui détruit l’individu dans sa singularité.
Impossible de sortir indemne d’une telle lecture, ce roman est bouleversant !
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BILLET N°17 PAR DELPHINE BONNET, B.T.S. ASSURANCE
La tresse de Laetitia Colombani
La Tresse est un roman qui raconte l’histoire de trois femmes, trois vies sur trois continents différents.
Smita, l’Indienne, une Intouchable qui n’a qu’un seul but en tête sauver sa fille du destin qui l’attend, ne pas lui faire vivre ce qu’elle vit, ce qu’elle endure chaque jour en travaillant. Sarah, brillante avocate canadienne, très ambitieuse dans son travail, une « maitresse femme » à qui tout semble réussir, voit son monde s’écrouler et se retrouve seule face à la maladie. Enfin Giulia, l’Italienne qui, suite à l’accident de son père, se retrouve à la tête de l’atelier familial et découvre horrifiée que celui-ci est en faillite.
Ces trois récits de vie font ressortir le courage de ces femmes qui mènent chacune un combat, un combat contre la société, contre tout ce qui veut les enfermer dans une place et un rôle prédéfinis et dévalorisants, combat contre leurs peurs aussi, combat destiné à leur rendre leur dignité.
Voilà un livre qui ne se lit pas, il se dévore. On plonge dans ces trois histoires, on se met dans la peau de chacun des personnages avec autant de facilité que de plaisir. Les chapitres se succèdent en alternant un bout de chacune de leur vie ; je lisais et ne pouvais plus m’arrêter, je tournais les pages car j’avais hâte de découvrir la suite. L’auteur sait nous tenir en haleine tout au long de ces récits. Ces trois femmes font preuve de beaucoup de courage, elles donnent une vraie leçon de vie autour de trois sujets d’actualité.
L’histoire de Smita est celle qui m’a le plus touchée, ses conditions de vie sont misérables, ce combat qu’elle mène pour sa fille est très poignant. Ce n’est qu’à la fin que le lien entre les trois histoires est expliqué. Les trois histoires se rejoignent de façon assez surprenante. Je vous laisse découvrir de quelle façon…
Il ne vous reste plus qu’à lire ce récit, vous ne serez pas déçus !
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BILLET N°18 PAR INAAM EL MHASSANI, B.T.S. ASSURANCE
Le cercle de David Eggers
Aujourd’hui, je vais vous faire partager mon impression sur un roman que j’ai apprécié mais qui m’a un peu perturbée. Ami lecteur, je vais faire de mon mieux pour t’expliquer mon avis !
Ce livre est Le cercle de Dave Eggers, un écrivain américain. J’ai eu la chance de le lire pendant les vacances de Noël.
L’histoire se déroule à notre époque, une jeune femme du nom de Mae Holland est embauchée dans une grande entreprise nommée Le Cercle grâce à une amie, Annie rencontrée à la faculté, qui, elle, a déjà gravi très rapidement les échelons et ainsi s’est fait une place importante au sein du Cercle.
Le Cercle est une société hors du commun, dotée de toute la technologie informatique dernier cri. Elle offre un confort certain à ses employés. Elle se veut un lieu de vie dépassant largement le cadre du simple travail, organisant des rassemblements festifs, culturels et même politiques. Son objectif affiché est, à terme, la transparence totale : l’échange des informations doit se faire en continu, tout doit être connu de tous. Mae, éblouie par son nouveau travail dans cette société assurant une qualité de vie idyllique, se laisse vite entrainer et accepte volontiers de confier ses données personnelles au Cercle. Tout semble si bien organisé et conçu pour le bien général. Mais jusqu’où ira Mae dans son adhésion avec le Cercle ? A vous de lire pour le savoir !
Ce livre m’a plu car il est dérangeant. Il nous laisse rêver sur un monde du travail qui semble parfait avant que l’illusion ne se détruise. Plus on lit et plus on se rend compte des limites puis des dangers de ce système. La frontière entre la vie privée et professionnelle devient très floue avant de disparaitre. Ce livre est par ailleurs assez frustrant car il nous met face à notre impuissance : on assiste à l’évolution de Mae en prenant conscience de l’horreur grandissante de la situation car plus elle évolue et plus le nombres de cameras augmente, l’embrigadement des esprits semble rendre inéluctable l’issue favorable du projet de l’entreprise. Cette histoire m’a amené à réfléchir à notre propre société et à un potentiel avenir, peut être pas si lointain, qui pourrait ressembler à ce qui se passe dans cette œuvre. A l’heure du numérique et de la circulation non-stop des informations plus ou moins avérées, ne devrions-nous pas nous interroger sur les limites à cette volonté de transparence toujours plus grande qui, loin d’’être promesse de liberté, pourrait devenir instrument de tyrannie ?
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BILLET N°19 PAR ROMAN DUMONT, B.T.S. ASSURANCE
Lorsque j'étais une œuvre d'art d'Eric-Emmanuel Schmitt
Lorsque j'étais une œuvre d'art, ou l'histoire d'un homme désespéré qui va devenir la chose d’un artiste fou dans une société d'apparence.
Un jeune homme, Tazio (dont nous ne connaitrons le nom original qu’à la fin du récit) a pour projet de se suicider. Il est fatigué de sa vie, se trouve inintéressant, d’une laideur incommensurable, et rate tout ce qu’il entreprend, même ses suicides, bref, ce n’est vraiment pas la joie. Il souhaite donc mettre fin à ses jours une bonne fois pour toutes, mais va être interrompu par une personne, Zeus Peter-Lama, célèbre artiste contemporain, qui lui propose un marché : Tazio doit lui accorder 24h de sa vie, en échange il lui redonnera l’envie de vivre, en le faisant « renaitre » sous la forme d’œuvre d’art, appelée Adam Bis. Oui, la simple lecture des noms vaut bien un long discours…
C’est un récit très plaisant à lire... On s’identifie facilement à Tazio, jeune homme banal, mal dans sa peau, victime de cette société d’apparences. Le style d’écriture est dynamique, les péripéties s’enchainent avec rapidité et le suspens est constamment relancé. On se demande sans cesse quelle nouvelle trouvaille va surgir. L’ensemble est diablement efficace.
En parlant de diable justement, j’ai apprécié l’originalité de cette réécriture du mythe de Faust. Tazio va vendre son « corps » à Zeus-Peter Lama dans le but d’être connu, et reconnu par son physique. Zeus-Peter Lama est donc identifié au Diable, mais comme son nom l’indique, il fait également référence à Dieu, ou plutôt au Dieu des dieux. Schmitt s’amuse et nous amuse en jonglant ainsi entre ces deux références.
Ce livre m’a fait penser à une farce par endroits mais il aborde aussi des thèmes sérieux comme celui de l’apparence, de la perception que l’on a de soi, du monde qui nous entoure mais aussi celle que les autres ont de nous. Tout au long du récit, la perception de Tazio sur le monde va évoluer, ce qu’il pensait être une vérité au début va se révéler faux, du coup, toutes ses certitudes s’écrouleront. Cela nous montre la fragilité des vérités sur lesquelles on construit et on estime notre vie d’autant plus qu’elles reposent sur le physique et sur le jugement supposé d’autrui. Autre thème abordé, celui de l’art. Qu’est-ce qu’une œuvre d’art ? Qu’est-ce qui distingue un artiste véritable d’un imposteur médiatique ? Suffit-il de créer de l’inédit et d’être célèbre et reconnu pour se dire artiste ? Un personnage de l’ombre, Carlos Hannibal, peint l’invisible et propose une approche inverse et bien plus profonde de l’art que celle de Zeus-Peter Lama
En revanche, si la lecture est facile, si les idées sont bien trouvées, au bout d’un moment le récit semble s’essouffler et les rebondissements finissent par tourner en rond. Schmitt nous utilise souvent la même mécanique : Zeus Peter Lama va multiplier les stratagèmes afin de rendre Adam Bis célèbre et ainsi augmenter sa valeur. Autant la première fois, la surprise est de taille, autant, par la suite, on finit par se lasser un peu. De plus, les personnages sont très caricaturaux, cela limite la profondeur des réflexions menées.
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BILLET N°20 PAR LOUIS DUFOUR, B.T.S. COMMERCE INTERNATIONAL
Antigone de Jean Anouilh
C’est Sophocle, l’un des plus grands dramaturges de la Grèce antique, qui, le premier, a adapté pour le théâtre le mythe d’Antigone dans sa pièce éponyme. Ayant depuis toujours été attiré par ces mythes de l’antiquité, contant les aventures de nombreux héros et dieux, j’ai décidé de lire l’adaptation théâtrale de ce récit qu’en a proposé Jean Anouilh au XX° siècle. Sa tragédie a été représentée pour la première fois en 1944 durant l’occupation allemande. Le contexte est important à connaitre car il a donné lieu à des interprétations marquées par l’actualité de l’époque, les personnages principaux devenant les symboles des camps qui s’opposaient alors.
La pièce prend place dans la ville de Thèbes. Polynice et Etéocle, les fils d’Œdipe sont morts. En effet, ces deux-là, suite à l’exil de Œdipe, leur père parricide et incestueux, devaient régner un an, chacun leur tour, sur la ville. Cependant, à la fin de la première année, Etéocle refuse de léguer le pouvoir à son frère et les deux frères finissent par s’entretuer. C’est donc Créon, leur oncle, qui règne à présent sur Thèbes. Etéocle, qui, selon Créon, a défendu la ville, a eu droit à une sépulture et à un enterrement selon la tradition. En revanche, le corps de Polynice, lui qui avait essayé de prendre la ville de force, est exposé à l’air libre et à la vue de tous en traitre pour servir d’exemple. Cependant, Antigone, sœur d’Etéocle et Polynice, refuse d’entendre et d’accepter cette décision qui interdit à l’âme de son frère de trouver le repos après sa mort. Elle décide donc, au péril de sa vie, de braver l’interdit de Créon et d’enterrer dignement son frère Polynice.
Tout au long de la pièce, les différents personnages entourant Antigone, sa sœur, sa nourrice, son fiancé, son oncle enfin, vont tenter de convaincre la jeune fille de renoncer à son projet dont l’exécution se soldera par sa mort. On connait le dénouement, l’intérêt de la pièce est ailleurs. Ce qui importe c’est la grandeur de la détermination d’Antigone qui, seule contre tous, maintiendra sa décision et ira jusqu’au bout de ce qu’elle considère comme un devoir.
J’ai beaucoup aimé cette adaptation de Jean Anouilh qui rend la pièce plus moderne et fait des références à son époque. A travers ses dialogues, il parvient à retranscrire des émotions très forte telles que la colère et la tristesse. Il abord aussi le thème de l’engagement et celui du devoir. Jusqu’où est-on capable d’aller pour défendre ses valeurs et accomplir ce qui nous semble juste ? Antigone, c’est l’histoire d’une jeune femme, qui, par la force de sa volonté, s’est dressée seule face à toute sa famille, toute une ville et face à un roi. En lisant cette œuvre on se rend compte à quel point il peut être difficile de défendre ses opinions et d’agir conformément à sa volonté, seul contre tous. Bel exemple de courage que je vous encourage à lire !