Au commencement était le Verbe. Mais lequel ? En quelle langue Dieu s’est-il exprimé pour créer le monde ? Quel est le langage le plus proche de la vérité ? lequel aurait le pouvoir d’en reproduire les contours exacts, en évitant les ambiguïtés, les approximations et les contradictions qui parasitent notre pensée ?
D’un côté, une poignée de signes que l’on peut combiner et recombiner dans tous les sens ; de l’autre, l’univers infini : la recherche de la langue parfaite s’apparente à la résolution d’un puzzle abracadabrantesque où se sont abîmés les plus grands penseurs européens tout le long de notre histoire.
Les kabbalistes composèrent des anagrammes avec toutes les lettres de la Torah afin d’y découvrir un sens caché ; John Dee se contenta d’un unique symbole magique qui engendrerait tous les autres et nous révélerait les mystères de ce monde ; Leibniz estima que l’on pouvait se contenter des mathématiques pour se comprendre et anticipa le langage informatique, un siècle et demi avant Boole ; François Sudre, considérant que la musique seule était universelle, proposa que nous bavardions en chantant avec son Solrésol. Tous échouèrent admirablement mais tirèrent de leurs déconvenues des trouvailles inattendues, dont nous sommes aujourd’hui redevables à bien des égards.
Avec son érudition habituelle, Umberto Eco nous entraîne à la poursuite d’un rêve qui a traversé les siècles et nous offre une lecture, certes dense, mais passionnante.
Embarquez pour un grand tour d’Europe, de la Belgique à l’Irlande, en passant par la Hongrie, l’Ukraine et l’Espagne, et découvrez, sous la carte du vieux continent, le territoire des langues et l’histoire des peuples qui les parlent.
Romain Filstroff, linguiste bien connu du grand public pour sa chaîne YouTube Linguisticae, à travers laquelle il partage sa passion communicative pour l’histoire des langues, nous propose ici une manière inédite d’aborder les enjeux de pouvoir qui animent l’Europe.
En mettant à jour des problématiques souvent mises de côté, comme le traitement des minorités linguistiques ou la difficile cohésion des pays plurilingues, le livre nous révèle les fractures qui divisent les populations, leurs relations troubles et leurs contours mouvants, et nous apprend à déchiffrer, entre les lignes des frontières et l’apparente stabilité de l’Europe, les tensions qui l'agitent en profondeur.
Très bien documenté, dense mais parfaitement accessible, et agrémenté de nombreuses cartes qui facilitent grandement la lecture, vous y trouverez des clefs de compréhension très pertinentes pour appréhender l’histoire de notre continent et ses crises actuelles.
Parce que les mots sont apatrides, ils ne tiennent pas compte des romans nationaux, débordent les frontières et, dans les replis de nos discours, au cœur même de nos certitudes et de nos préjugés, pourvu qu’on tende l’oreille, nous font entendre une histoire méconnue : la nôtre.
Karine Dijoud, professeure de français plus connue sous le nom @lesparentheseselementaires sur Instagram, nous prodigue conseils et astuces pour s'exprimer avec style. À travers une sélection de notes très courtes, d’exemples variés et de petits exercices, elle nous offre un manuel très vivant et surtout très accessible pour apprivoiser notre langue, à l’écrit comme à l’oral.
Marre des pléonasmes redondants, des anglicismes confusants et autres tics de langage carrément envahissants ? La première partie du livre relève nos maladresses et nos difficultés les plus courantes et nous aide, avec une grande clarté et beaucoup de bienveillance, à nous départir de nos mauvaises habitudes langagières.
Une fois corrigées nos erreurs, reste à ajouter une touche d’élégance. La seconde partie nous propose d’enrichir notre vocabulaire avec une sélection de mots rares et d’expressions pittoresques, et nous renseigne sur leurs origines afin d’en distinguer toutes les nuances. De quoi maîtriser les dernières subtilités du français et agrémenter nos phrases de quelques ravissantes coruscations.
Un petit guide indispensable pour éviter les faux pas et manier la langue française avec style en toute circonstance.
Entre Charlemagne, qui parlait tudesque et Hugues Capet, qui parlait roman, il y eut une date charnière, un acte fondateur qui marqua la naissance de la langue française. Et cet acte est signé.
En l’an 842, le prince Nithard, guerrier érudit au service de Charles le chauve, retranscrivit le serment de fidélité que se jurèrent les héritiers de Charlemagne après le partage de l’empire. Il choisit d’en donner le détail non pas en latin (langue de l’unité impériale) mais dans l’idiome parlé par les seigneurs en présence, l’un des serments ayant été prononcé en tudesque (l’ancêtre de l’allemand) et l’autre en roman (l’ancêtre du français). Pour la première fois de l’Histoire, un texte est produit dans ce qui deviendra notre langue nationale, et il a été écrit avec une visée politique et symbolique bien réfléchie.
Avec ce court essai d’une centaine de pages, l’un de nos plus grands spécialistes de la langue française part à la recherche de Nithard, ce petit-fils de Charlemagne, largement oublié depuis plus d’un millénaire, et qui a pourtant posé l’un des fondements de notre culture.
À partir de ses ossements, retrouvés en 2011, par le plus grand des hasards, dans un vieux carton poussiéreux, et surtout grâce aux textes qu’il nous a légués, Bernard Cerquiglini s’emploie à redécouvrir cet illustre méconnu ou, pour reprendre l’étymologie latine, à « inventer » Nithard.
Un récit savant mais très abordable qui nous éclaire sur l’origine et peut être la destination de notre langue.
Voilà un livre qui vous emporte, vous captive ou vous entraîne (selon votre préférence) dans le petit monde très prisé des lieux communs. En compilant les principaux clichés littéraires, Hervé Laroche nous offre un dictionnaire pas comme les autres, empreint d’une ironie douce-amère, et dont le style sans concession vous fera à coup sûr sortir de votre zone de confort.
Dans cette réédition, revue et augmentée, vous retrouverez le meilleur du pire des phrases toutes faites, de ces expressions répétées inlassablement, page après page, et qui ont fini par dessiner un monde romanesque à part entière, avec sa collection d'objets inusuels, sa palette de sentiments extraordinaires et ses associations d'images hautes en couleurs.
Soyez donc les bienvenus dans cet univers alternatif où l’on « savoure » son jambon-beurre, où l’on « s’abîme dans ses pensées » à la moindre occasion, et où l’on « franchit un seuil » dès qu'on ouvre une porte.
Un vade-mecum très utile pour repérer nos tics d’écriture et nous donner l’envie de sortir de ces fameux sentiers battus, qui furent si souvent empruntés depuis que la littérature existe.
À ceux pour qui la grammaire n’évoque rien de plus qu’un ensemble de règles absconses et austères, ce petit récit propose d’embarquer pour un voyage surprenant à la découverte des richesses et des joies insoupçonnées de la linguistique. Amateur enthousiaste, collectionneur compulsif, Jean-Pierre Minaudier nous ouvre les portes de son étrange bibliothèque - presque exclusivement composée de livres de grammaire -, et nous partage sa passion communicative pour les langues insolites des quatre coins du monde.
On entre dans ce petit univers comme dans un cabinet de curiosité, pour y dénicher des perles rares et irrégulières, des fragments hétéroclites de cultures oubliées, qui laissent entrevoir de véritables trésors de civilisation tout en préservant leurs charmes et leurs mystères (un peu à la manière de la nouvelle Tlön, Uqbar, Orbis Tertius de Borges).
Vous y découvrirez des mots comme tuktusiuqatiqarumalauqpuq*, tenterez d’imaginer les nuances imperceptibles des 117 consonnes du !xoon, et délaisserez un temps les adjectifs pour privilégier les « impressifs », qui vous permettront de distinguer des phrases comme « il sauta hop » et « il sauta plouf » (ce qui n’a rien à voir).
Aux règles figées des grammaires académiques, aux théories savantes qui prétendent enclore la totalité des langues existantes dans une structure définitive, Jean-Pierre Minaudier préfère « la diversité radicale, la poétique et la féconde anarchie des langues réelles ». Car chacune d’elles, à travers ses métaphores, ses associations d’idées et ses détours alambiqués, façonne une manière de penser singulière, suggère une vision du monde originale, qui nous rend en quelque sorte « poètes malgré nous ».
La Poésie du gérondif n’est ni une leçon rébarbative, ni un divertissement futile, mais une véritable initiation à la beauté et la variété des horizons que nous ouvre le langage.
*« Il désira avoir un compagnon de chasse au caribou », en inuit.