Célèbre pour sa série de quatre romans située dans le Pays basque espagnol, Dolores Redondo met de côté l’inspectrice Amaia Salazar pour nous livrer un polar indépendant, à la fois addictif et poignant, inspiré d’un fait divers criminel non résolu à ce jour.
A la manière de James Ellroy cité en exergue, qui a réécrit l’histoire du Dahlia noir, prostituée assassinée dans le Hollywood des années 1940, En attendant le déluge imagine la traque du tueur en série écossais surnommé Bible John qui tua sauvagement trois femmes en 1968 et 1969 avant de disparaître. Intimement persuadée que l’assassin court toujours et qu’il aurait poursuivi sa route sanglante, Dolores Redondo met à ses trousses quatorze ans plus tard l’inspecteur aussi tenace qu’attachant, Noah Scott Sherrington, et impute à Bible John une vingtaine de victimes supplémentaires. Dans cette fiction où le travail de documentation semble avoir été primordial, Noah s’est mis en tête d’arrêter seul contre l’avis de son supérieur celui qui a défié la police écossaise depuis tant d’années. Rencontrées dans une boîte de nuit de Glasgow, les trois premières proies de Bible John “avaient leurs règles au moment de leur mort”, unique point de départ de l’enquête qui ne peut être une coïncidence pour l’inspecteur Sherrington. Tout près d’appréhender le tueur un soir de tempête, Noah est foudroyé par une crise cardiaque qui laisse le temps à Bible John de disparaître… Revenu in extremis de la mort mais sachant que sa vie tient désormais à un fil, Noah se sait condamné mais n’envisage pas de laisser le monstre en liberté. Sans relâche, son investigation le mène jusqu’à Bilbao où Bible John se cacherait pour commettre d’autres meurtres similaires. Noah n’y sera plus seul : d’intenses rencontres avec des personnages haut en couleur vont l’aider dans cette chasse à l’homme cruelle mais salutaire.
Comme dans sa tétralogie du Baztan (Le gardien invisible, De chair et d’os, Une offrande à la tempête et La face nord du coeur), le lecteur retrouvera en filigrane la poésie des légendes écossaises et basques, ce terreau mythologique commun qui fait la richesse des romans de l’autrice. “Ecrivaine de tempêtes” comme elle aime se définir depuis le déluge qu’elle vit adolescente en 1983 ravager Bilbao, Dolores Redondo évoque les tourments psychologiques de ses héros à travers les désastres météorologiques. Noah, qui peut s’apparenter à Noé dans la Bible, est un personnage inoubliable qui fera à coup sûr partie de votre rentrée !