Faire des femmes artistes des figures familières et non des exceptions, de la présence de leurs œuvres au musée la norme et non pas un évènement, voilà certains des objectifs défendus par cette très belle parution dans la collection Les Insolentes.
Cet essai riche et dense, écrit par Eva Kirilof, autrice de la newsletter La Superbe, et illustré avec brio par Mathilde Lemiesle, propose une réflexion éclairée sur la façon dont les femmes ont été, et sont toujours, ostracisées dans le monde de l’art. L’ouvrage aborde des thématiques diverses comme le rapport des femmes artistes avec l’éducation, l’importance de « la pièce à soi » telle que l’envisageait Virginia Woolf, le concept de génie masculin, la figure de la muse ou encore la notion de regard dominant. Chacune soulève toute une série de problématiques : Quelle est la nature du système qui enfante et condamne les femmes artistes ? Sur quoi fait-on reposer la distinction entre les artistes femmes et leurs homologues masculin ? Qu’est-ce qu’un art dit « féminin » ? Quelles sont les difficultés supplémentaires pour les artistes racisées ?
Ces questionnements, dont la liste présentée ici n’est pas exhaustive, sont traités au regard des thèses, des critiques et des témoignages d’un grand nombre de théoriciennes, d’historiennes ou d’activistes. L’ensemble de la publication est également émaillé de portraits de peintresses et de sculptrices, comme Angelica Kauffmann, Tamara de Lempicka, Louise Bourgeois ou encore Mary Beale, dont on présente aussi les principaux chefs-d’œuvres et prises de positions.
En somme, un livre accessible, engagé et nécessaire, qui permet de rendre compte de la place des femmes dans la culture occidentale et de tout ce qu’il reste à faire pour achever de la revaloriser !
« Je veux agir en ces temps où les gens sont si désemparés et si désorientés », écrit Käthe Kollwitz dans son Journal en 1922. Née en 1867, elle est déjà, à l’époque, l’une des artistes allemandes dominantes du XXe siècle. Connue pour son art dès 1900 et soumise plus tard à la répression du régime nazi, elle continue pourtant à dessiner, à graver et même à sculpter ou ériger des monuments jusqu’à sa mort en 1945.
En collaboration avec le Musée Käthe Kollwitz de Cologne, les éditions Martin Halleux lui consacrent une monographie riche et essentielle. L’ouvrage, très complet, vient mettre en lumière l’essentiel de la production picturale et sculpturale de l’artiste, ainsi que ses thématiques de prédilection : le deuil maternel, l’adieu ou encore la vie des classes ouvrières et leurs luttes. Il rend également compte de ses écrits, de ses prises de positions politiques, ainsi que des épisodes marquants de son existence dont certains, comme la mort de son fils Peter au front en 1914, sont à l’origine de créations majeures.
Parmi les nombreuses œuvres d'intérêt présentées on distingue notamment une très belle série d'autoportraits, mais aussi la reproduction de deux cycles gravés : Une révolte des tisserands, inspiré du premier soulèvement du prolétariat allemand (1844), celui des tisserands de Bielawa et de Pieszyceet, et Un cycle de guerre, illustrant la guerre des Paysans allemands ayant eu lieu entre 1524 et 1526.
Une magnifique publication qui ravira à la fois les connaisseurs ainsi que ceux et celles ayant à cœur de découvrir l'artiste !