Rendez-vous à la station Ausone le jeudi 24 septembre dès 18h en présence de John Simenon, gestionnaire du patrimoine de son père, qui évoquera l'homme et l’écrivain derrière la légende. Le comédien Antoine Duléry, admirateur de Simenon, qui a joué dans plusieurs adaptations de ses romans, et prêté sa voix au premier Maigret "Pietr-Le-Letton" (disponible en livre-audio chez Lizzie), lira des extraits choisis parmi les 192 romans et 158 nouvelles de cet auteur francophone qui demeure encore l'un des plus traduits et adapté dans le monde.
Si les éditions Omnibus ont réédité cette année anniversaire les dix tomes regroupant les 75 enquêtes de Maigret et 28 nouvelles avec des préfaces inédites et des couvertures signées Loustal, saviez-vous que Simenon, que le qualificatif de "polar" agaçait, les considérait comme des récréations et préférait ses 117 "romans durs" (sans son commissaire), également publiés à part en douze volumes chez le même éditeur ?
Ironie du sort, cette étiquette d'auteur prolifique de romans policiers populaires qui lui a valu sa notoriété internationale lui a longtemps coûté sa place dans le panthéon de la littérature... A côté de l’indifférence ou des critiques acerbes, Georges Simenon a reçu le soutien d’André Gide qui le qualifie « le plus grand de tous » et jusqu’ aux Etats-Unis où Simenon a vécu dix années, William Faulkner, Ernest Hemingway, Henry Miller, et son homologue américain dans le genre du « noir » louent son génie : « le meilleur écrivain de roman policier aujourd’hui est un Belge qui écrit en français. Son nom est Georges Simenon » déclare Dashiell Hammett. En 2003 puis 2009, les éditions Gallimard lui consacrent trois volumes dans la Pléiade, et le spécialiste amoureux de cette œuvre « universelle et intemporelle », Pierre Assouline, signe une superbe biographie suivie d'un impressionnant Autodictionnaire Simenon.
Les centaines d’adaptations à l'écran, avec les acteurs qui ont incarné le flegme de Jules Maigret flanqué de sa célèbre pipe (Michel Simon, Jean Gabin au cinéma, sans oublier Jean Richard ou Bruno Cremer à la télévision) ont contribué au rayonnement mondial de son univers, et de son style. Mais lire Simenon, c’est avant tout plonger dans une atmosphère lourde, souvent brumeuse, dans un style volontairement dépouillé mais qui épouse d’autant plus la psychologie des êtres, se plaçant moins du côté des victimes que des coupables et de leurs motivations les plus inavouables. Plutôt que la recherche du meurtrier (« qui a tué » dans le roman à énigme de tradition anglaise), son ambition était selon ce grand lecteur de Descartes, Pascal et surtout de Montaigne, de peindre "l'homme nu", d’où la formule fameuse de son commissaire qui peut résumer la démarche de ce géant : "comprendre et ne pas juger".
Et vous, êtes-vous plutôt Maigret, ou "romans durs" ? Si vous ne le savez peut-être pas encore, laissez-vous guider dans la sélection de vos inconditionnels libraires, et lors de la soirée Simenon le 24 septembre prochain à la station Ausone !
Le Train
Le train narre le voyage d'un homme pendant la Débâcle, il se dirige vers le sud laissant sa famille derrière lui. Dans la promiscuité du wagon, il tombe amoureux d'une jeune inconnue...Un exemple parfait du goût de Simenon pour les destins banals qui basculent.
Le chien jaune
Grand classique de la série Maigret, le commissaire démontre toute l'étendue de sa connaissance de la nature humaine, en observant les allées et venues d'un chien famélique dans un hôtel de Concarneau.
Betty
Betty, ivre, échoue dans un hôtel par hasard. Installée là par le patron des lieux, elle expliquera les raisons de sa fuite et de son alcoolisme...
L'affaire Saint-Fiacre
Cette enquête de Maigret dans le milieu fermé de la noblesse provinciale permet à Simenon de dresser un portrait sans concession des bonnes familles.
Les inconnus dans la maison
Le meurtre d'un homme sous son propre toit sort Loursat, avocat qui n'en n'a guère plus que le titre, de sa léthargie alcoolique et lui redonne le goût de se battre.
Maigret, Lognon et les gangsters
Maigret reçoit des américains à Paris, secondé par Lognon (connu sous le sobriquet de Malgracieux), et prouve la fiabilité de sa méthode d'enquête...
La vérité sur Bébé Donge
L'un des sommets de ce que Simenon appelait ses « romans durs » : Bébé Donge tente d'assassiner son mari ; le long cheminement qui la pousse à commettre ce crime nous sera peu à peu révélé...
Trois chambres à Manhattan
Grand roman d'amour, les destins de deux êtres à la dérive sentimentale se croisent entre building et dîner. Un exemple parfait de la période américaine du grand Belge.
45° à l'ombre
On retrouve ici certains des protagonistes de la série des Donadieu, famille d'armateurs de La Rochelle. Sur l'Aquitaine, parti de Dakar pour rejoindre la France, les tensions se cristallisent entre les passagers et l'ambiance se fait délétère, sous un soleil de plomb.
Cécile est morte
Maigret ne prend pas au sérieux les appels d'une certaine Cécile qui lui rend visite pourtant tous les matins à son bureau. Lorsqu'elle est assassinée, Maigret met un point d'honneur à démasquer le coupable...
Les Clients d'Avrenos
Roman «dur », moite et interlope situé à Istanbul, ce roman de Simenon, à travers la relation entre entraineuse et un aristocrate sur le retour, peint une société en déliquescence, rongée par les plaisirs immédiats de la nuit.
Pedigree et autres romans
Ce volume de Pléiade alterne romans psychologiques et récits plus autobiographiques, à l'instar de Pedigree, de Je me souviens... ou de Lettre à ma mère. Enrichi d'un très complet appareil critique, ce tome condense tout le savoir faire de l'auteur.
Le déménagement
Le couple Jovis vient de s’installer dans un lotissement moderne mais le mari Emile est troublé par les bruits de ses voisins qu’il entend chaque soir derrière la cloison… Attiré pour la première fois par l’interdit, il va franchir la porte d’un monde nouveau qui ouvre à tous les frissons.
Le fond de la bouteille
Un des romans « américains » de Simenon qui met en scène la rivalité entre deux frères et l’alcoolisme qui les unit, les détruit dans une chasse à l’homme digne d’un western à la frontière mexicaine. Sombre et magistral !
La chambre bleue
Tony et Andrée sont amants, mais mariés chacun de leur côté. L’engrenage fatal se met en route, et la mort frappe… Variation subtile entre deux époques sur les thèmes de la suspicion et de la culpabilité, ce roman étonne par sa sensualité torride.