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Centenaire du surréalisme

Une actualité de Véronique M.
Publié le 17/09/2024
A l’occasion de la grande exposition consacrée aux cent ans du surréalisme qui se déroule jusqu’au 13 janvier au centre Pompidou à Paris, revenons sur ce révolutionnaire et visionnaire mouvement du XXème siècle qui inspire toujours les artistes contemporains.
Si ses racines puisent dans les œuvres de Lautréamont, Rimbaud, Nerval mais aussi Apollinaire (qui inventa le mot “surréalisme”) ou encore chez les Dadaïstes, c’est le 15 octobre 1924 que naît officiellement le groupe avec la publication du premier “Manifeste du surréalisme” rédigé par son chef de file, André Breton. Voici sa définition demeurée célèbre de ce mouvement embrassant toutes les pratiques (littérature, peinture, photographie, sculpture, cinéma…), prônant la liberté absolue et visant à abolir la frontière entre fiction et réalité  :

 “SURREALISME, n. m. Automatisme psychique pur par lequel on se propose d’exprimer, soit verbalement, soit par écrit, soit de toute autre manière, le fonctionnement réel de la pensée. Dictée de la pensée, en l’absence de tout contrôle exercé par la raison, en dehors de toute préoccupation esthétique ou morale.”

La psychanalyse naissante, ses recherches sur l’inconscient, notamment sa pratique de l’hypnose, et l’analyse des rêves nourrissent le surréalisme. 

En littérature et notamment en poésie, l’écriture automatique est un processus créatif soit individuel soit collectif qui tente de reproduire les conditions du rêve. 

Le jeu collectif du cadavre exquis, qui consiste à créer à l’aveugle une phrase ou un dessin sans qu’aucun des participants ne voie les autres compositions, demeure l’exemple le plus fameux de l’écriture surréaliste qui vise à rompre avec la rationalité de la pensée. Dès 1919, le recueil “Les champs magnétiques” écrit par André Breton et Philippe Soupault obéit à cette consigne de l’automatisme verbal et psychique, faisant jaillir des visions surprenantes, étranges, équivoques, voire dérangeantes. Paul Eluard, Louis Aragon, Robert Desnos, Antonin Artaud, René Char, Henri Michaux, Benjamin Péret, Arthur Cravan ou René Crevel demeurent les poètes les plus notoires du cénacle surréaliste, bien que certains ne se réduisent pas à cette étiquette, s’en sont affranchis au cours de leur vie (Robert Desnos, Jacques Prévert, Raymond Queneau, Yves Bonnefoy), ou bien ont été écartés par Breton pour raisons politiques ou idéologiques (Louis Aragon, Alberto Giacometti, Michel Leiris, Georges Bataille, Salvador Dali).

 En art, la pratique du collage ou du montage par exemple mettent à l’honneur l’image surréaliste qui vise, comme en littérature, à rapprocher de manière “arbitraire”  “deux réalités plus ou moins éloignées. Plus les rapports des deux réalités seront lointains et justes, plus l’image sera forte - plus elle aura de puissance émotive et de réalité poétique.” (Manifeste du surréalisme). Retenons la célèbre formule “Ceci n’est pas une pipe” issue du tableau “La trahison des images” du Belge René Magritte, peintre surréaliste tout comme Max Ernst, Joan Miro, André Masson, Salvador Dali. Parmi les photographes, citons Brassaï, Hans Bellmer, Man Ray, mais aussi les sculpteurs qui aiment détourner les objets du quotidien pour brouiller tous les repères  (Alberto Giacometti, Max Ernst, Jean Arp, Hans Bellmer), et enfin au cinéma le fameux film “Un chien andalou”(1929) de Luis Bunuel et Salvador Dali. 

N’oublions pas l’importance des artistes femmes du mouvement. Malgré leur invisibilisation au cours des précédentes décennies, l’exposition du centenaire rend enfin hommage aux créations de Dora Maar, Lee Miller, Claude Cahun, Leonora Carrington, Ithell Colquhoun, Valentine Hugo, Frida Kahlo, Joyce Mansour, Meret Oppenheim, Leonor Fini, Mimi Parent pour en citer quelques unes.

L’imaginaire antique, la créature mythologique et anthropomorphique (mi-homme, mi-bête), les thèmes du miroir et du double, l’alchimie, mais aussi l’humour noir, la nuit, le songe ou l’érotisme irriguent entre autres l’esthétique surréaliste, qu’elle soit plastique ou littéraire. 

Pendant quarante cinq ans jusqu’en 1969, date officielle de la fin du surréalisme (soit trois ans après la mort d’André Breton), cette école née au lendemain du traumatisme de la Première guerre mondiale est l’un des derniers grands mouvements de révoltés qui a rayonné au niveau international (Espagne, Etats-Unis, Belgique, Mexique, Royaume-Uni…), et en cent ans a bouleversé durablement le rapport de l’homme à son monde.

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