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Clive Barker : père du splatterpunk

Une actualité de Quentin
Publié le 30/10/2021
Qui dit Halloween dit peur ! Qui dit peur dit horreur ! Et qui dit horreur dit Clive Barker !

Octobre est le mois d’halloween, et qui dit halloween, dit histoires effrayantes qu’on se raconte au coin du feu. Mais qui dit fête des morts, dit également sortie de film d’horreur et d’épouvante. Et en ce mois d’octobre les spectateurs peuvent redécouvrir un chef d'œuvre du film d’horreur social avec “Candyman” qui se trouve être une suite directe du métrage de Bernard Rose sorti en 1992.

Mais pourquoi nous parler de “Candyman” me direz vous ? Et bien la réponse tient en deux mots : Clive Barker !

Clive Barker est un auteur britannique, véritable touche à tout, il s’est illustré dans bon nombre de domaines comme la littérature, le cinéma, la bande dessinée, le jeu vidéo, la poésie, la peinture… bref il n’y a pas un prisme de la culture qui ne soit pas passé sous sa plume. 
Il ne s’agira pas ici de s’attarder sur chacune des œuvres de Clive Barker mais bien de parler des ses travaux les plus iconiques et ainsi brosser le portrait d’un maître du cross-média, de l’horreur moderne et du splatterpunk.

Avant toutes choses, et pour mieux cerner le style de Barker, qu’est-ce que le splatterpunk ? Le genre de l’horreur et du fantastique ayant du mal à se renouveler lors des années 1980, certains auteurs décidèrent d’y implémenter de nouveaux sous texte tel que l’ultra violence, l’érotisme, de réelles motivations aux antagonistes en faisant des êtres socialement mauvais plus que malfaisants mais aussi en remplaçant le héros de chaque récit par une figure plus sombre et torturée avec un antihéros comme protagoniste du récit.


C’est dans les années 70 que Barker commence à s’illustrer en littérature en travaillant sur un recueil de nouvelles sobrement intitulé “Livres de sang”. Les livres de sang sont de courtes nouvelles ayant toutes pour fil conducteur le personnage de Simon : faux médium s’étant autoproclamé passerelle vivante avec les défunts. Pour le punir de ce mensonge, les morts se servent donc de son corps comme papier pour y graver leurs histoires.

En 1986, le monde de l’horreur est secoué avec la sortie de la novella “The Hellbound Heart” plus connu sous le nom de “Hellraiser” ! La nouvelle nous conte l’histoire de Frank, un homme dépravé à la recherche de plaisirs inédits. Entré en possession d’un puzzle étrange ayant la forme d’un cube orné de motifs or et noir il va, malgré lui, ouvrir une porte vers une dimension infernale dans laquelle les cénobites règnent en maître. Mais qui sont les cénobites ? Tout simplement des prêtres de l’enfer tout de cuir vêtu et aux modifications corporelles se rapprochant d’une esthétique sado-masochiste. Promettant donc de nombreux plaisirs à Frank, les religieux d’un autre genre amènent notre anti-héros dans leur antre. S’étant échappé et étant réduit à un tas d’os privé de chair, Frank, à l’aide de son ancienne maîtresse Julia, devra reconstituer son corps d’avant pour ainsi continuer sa route sur un chemin de débauche.

Le succès de ce récit est tel, qu’en 1987 Clive Barker est débauché par la société New World Pictures pour écrire et réaliser une adaptation cinématographique de “Hellraiser”. La suite nous la connaissons, la série va s’étendre sur 9 films (qui sont bien malheureusement, à partir de la troisième suite, tous plus insipides et nanardesques les uns que les autres) et “Hellraiser”, en plus d’avoir reçu le prix de la peur du festival du film d’Avoriaz en 1988, ouvrira la porte de la réalisation à Barker. Il réalisera donc par la suite l’adaptation de “Cabal” (“Nightbreed” en VO) et “Le maître des illusions”, deux films injustement boudés car bourrés de qualités avec notamment l'apparition de David Cronenberg en psychologue tueur en série dans “Cabal”.

Mais plus en amont je vous ai parlé de “Candyman”. Premièrement ne prononcez jamais ce mot 5 fois devant un miroir, ensuite “Candyman” est une adaptation de la nouvelle “The Forbidden” publiée dans le cinquième volume des “Livres de sang”. C’est donc en 1992 que Clive Barker s’associe à Bernard Rose pour l’adaptation sur grand écran de ce qui deviendra, d’une part un chef d’oeuvre du cinéma d’horreur des années 90 (s’écartant de la mode des slashers de l’époque) mais également un pamphlet absolument marquant sur les difficultés éprouvées et vécues par les minorités afro-américaine pour s’intégrer dans la société. Le Candyman est un Boogeyman, soit un croquemitaine qui revient hanter le quartier de Cabrini-Green, une cité HLM de Chicago autrefois théâtre du lynchage d’un afro-américain.
La fin du métrage de 1992 se suffisant à elle-même, les studios ont toutefois décidé de proposer deux autres suites en 1995 et en 1999.

Sa carrière de cinéaste est très vite apparue mais c’est également très vite refermée. La cause ? L’accaparation de son travail par les studios et les remontages de ses films réalisés sans son accord et donc retirant toute son âme au travail du bon monsieur Barker.
Toutefois il restera producteur et producteur exécutif sur bon nombre de projets comme l’adaptation d’une de ces nouvelles “The midnight meat train” ou encore celle de “The book of blood” proposée par le service de streaming Hulu.


En parallèle à son expérience cinématographique plutôt chaotique, Clive Barker revient à la littérature, et fait surprenant, il rédige un roman destiné à la jeunesse. Petit plus, l’ouvrage est richement illustré de la main même de Barker. “Le voleur d'éternité" donc nous dépeint la jeunesse de Harvey, petit garçon plutôt sombre et s’ennuyant grandement chez lui. Mais un jour débarque sans prévenir un petit être farfelu lui promettant de l'emmener dans un endroit où les enfants ne sont jamais malheureux et où le soleil brille tout le temps. Mais ce n’est qu’une facette car ce qui est de prime abord un conte pour enfant se transforme bien vite en thriller.


Les années passent, et après flirté avec le cinéma, la littérature jeunesse et l’illustration, Clive Barker nous livre en 2016 une suite à “Hellraiser” avec “Les évangiles écarlates”. Dans cette séquelle Pinehead, le leader des cénobites, revient sur Terre pour y imposer son règne. C’était sans compter sur le détective de l’occulte Harry D’Amour qui tentera coûte que coûte de stopper la folie démoniaque du prêtre venu d’ailleurs. 
Plus tape à l’oeil et grandiloquent et moins intimiste que “Hellraiser”, cette suite est tout de même satisfaisante notamment en exposant aux lecteurs la toute puissance de Pinehead et en ancrant son récit dans une enquête en en faisant donc un polar horrifique, assez proche de ce qu’un certain Stephen King peut créer dans ses romans.

La littérature, le cinéma, la jeunesse, le dessin… Mais où s’arrêtera Clive Barker ? La réponse n’est pas pour tout de suite car en 2001 et en 2007, notre ami britannique se lance dans l’écriture de jeu vidéo avec les sorties respectives de “Undying” et “Jericho”. Deux survival horror, chacun possédant sa propre ambiance : l’un claustrophobe en plein coeur d’un manoir anglais gothique où le joueur se retrouve aux portes de la mort et propriétaire de pouvoirs étranges, l’autre plus ouvert dans le désert du Rub Al-Khali où le joueur est aux commande d’une escouade de soldat dotés de pouvoirs et spécialisée dans l’intervention contre les forces occultes. 

Mais à la suite de la publication des “Evangiles écarlates”, Clive Barker opère une pause dans la création et l’écriture. Et c’est en 2021 que l’auteur revient en force en annonçant avoir fini l’écriture d’un nouveau roman intitulé “Deep Hill”, mais également de plusieurs pièces de théâtre, de poèmes et surtout de participer activement à l’écriture et à la production du reboot cinématographique de “Hellraiser” ! Le film sera réalisé par David Bruckner ayant déjà œuvré dans le domaine de l’horreur avec l’excellent “Le rituel” et le plus récent mais non moins prenant “La proie d’une ombre”.


Père du splatterpunk, de l’horreur cross-média et d'œuvres cultes ayant toutes marqué des générations de par les messages délivrés ou tout simplement grâce à un imaginaire perturbant et brillant, Clive Barker promet de nous effrayer encore quelques années !

Les œuvres de Clive Barker

Autour de Clive Barker