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Figure de la critique et du critique d’art contemporain.

Une actualité de Jérémy Gadras
Publié le 08/06/2017
Écrits sur l’art, littérature d’art, littérature critique, médiation de l’art, commentaire métatextuel ou encore critique d’art, nous ne sommes plus à une notion ou concept près pour nommer une pratique consistant à écrire sur les arts, désigner une production lexicale vouée à dépeindre et valoriser les acteurs et produits de l’art.

Depuis ses origines jusqu'à nos jours, l’on a de cesse de se méprendre, voire de se heurter aux difficultés toujours plus prolixes à toute entreprise ou essai de définition(s), tant empirique(s) qu’analytique(s), du terme ambigu de « critique d’art ». Qu’en bien même nous arriverions à franchir ce premier seuil de confusions et complexités, il resterait à comprendre et définir en quoi un discours critique sur l’art, sur un artiste ou sur une forme artistique, aurait une légitimité et une pertinence suffisante pour en faire un genre à part entière, une pratique essentielle pour faire vivre et survivre les arts d’une époque ? D’ailleurs, quelles en sont les modalités d’examen ; qui en sont les acteurs ; quels critères pour définir ce qui peut être considéré comme de la critique artistique, de littérature critique de l’art ; y a-t-il une différence fondamentale entre le critique indépendant, le chroniqueur affilié à un organe de presse, un écrivain cheminant par des voies poétiques pour dépeindre une émotion sur l’art ou une sensible adhésion à l’œuvre d’un artiste, ou encore le « professionnel » de l’AICA (Association Professionnelle des critiques d’art) ?

Autant d’interrogations et problèmes bien malaisés à résoudre !

Posture publicitaire, crédit d’authenticité, instrument de l’art ou outil d’instrumentalisation des arts et des artistes, la critique d’art, depuis les années 1990 où nait une polémique virulente sans précédent sur une crise de l’art contemporain, se dote involontairement de tout un substrat de préjugés négatifs, d’une dévalorisation, d’infirmités, de poncifs invalidant sa notoriété et sa fonction. Responsable d’un « désert esthétique », d’une main mise sur les marchés de l’art, de la normalisation d’une doxa applicable pour définir ce qui est ou non de l’art contemporain, jouant de l’intellectualisme et d’un trop-plein d’élitisme pour asseoir une œuvre qui ne saurait se suffire à elle-même, ne saurait se limiter à son propre langage formel et sa propre évidence sensible, la critique d’art de ces 20 dernières années semble de plus en plus discrédité et être la proie d’un nombre toujours plus abondant de remarques négatives, de soupçons et méfiances diverses…. En somme, une kyrielle de griefs souvent fondés sur une mécompréhension de l’art actuel ou sur une confusion, voire une méconnaissance, de la pratique et des enjeux du discours sur l’art et des littératures critiques lorsqu’ils n’émanent pas de l’histoire de l’art, de l’esthétique ou de la théorie. Vivant dans un état de crise permanent, la critique d’art est de nouveau la cible des détracteurs de l’art contemporain, des opposants d’un art qui ne chercherait plus du côté des ses produits et objets pour affirmer sa consistance mais du côté du discours critique, en d’autre terme contre un art « à l’état gazeux » et ses modes de promotion qu’il est facile de fustiger lorsqu’ils dépassent notre entendement ou jugements subjectifs.
À cela s’ajoute de virulentes attaques à l’encontre des musées d’art contemporain, aux modes d’expositions d’œuvres laborieuses à expliciter, à déchiffrer, à accepter, qui rendraient désuets et caducs tout procédé et démarche d’écriture visant à rendre compte de l’actualité artistique.

« On doit toujours s’excuser de parler peinture. Mais il y a de grandes raisons de ne pas s’en taire. Tous les arts vivent de paroles. Toute œuvre exige qu’on lui réponde. Ôtez aux tableaux la chance d’un discours intérieur ou autre, aussitôt les plus belles toiles du monde perdent leur sens et leur fin ». À cette occurrence de Paul Valéry dans ses Pièces sur l’art, l’on répond aisément aujourd’hui que le discours appauvrit souvent le sens de l’œuvre lorsqu’il n’est pas un alibi pompeux pour faire d’un « n’importe quoi » une œuvre complexe d’intérêt, essentielle pour comprendre les ressorts de notre société contemporaine. Où en est donc la critique aujourd’hui ? Qui se cache derrière le critique ? L’écrit critique sur l’art se porte-t-il bien ? Quel avenir pour les formes lexicales – théoriques,  dialogiques ou journalistiques – de promotion artistique ?

Sans plus ouvrir le débat sur les pertinences de la critique d’art, sur les enjeux de sa pratique, sur ses consensus, concessions, ses principes, ses modes de diffusions, ou tout simplement sur ses définitions, nous laissons aux lecteurs l’opportunité de s’en faire une opinion personnelle par la lecture d’un important corpus d’ouvrages porté sur la question. Une sélection non exhaustive est également proposée en magasin, aux rayons beaux-arts, en plus des références accessibles sur le site internet. Une rencontre à la Station Ausone, le samedi 10 juin, pour la deuxième édition des Pensées Périphériques, accueillera trois critiques d’art (Yves Michaux, Maxence Alcalde, Imma Prieto) autour du thème « La dissension dans la critique d’art. Critères, présupposés et alibis de la critique d’art à l’épreuve ». À ne pas manquer pour saisir les contours flous d’un terme équivoque.

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