Publié le 13/09/2022
Jean-Luc Godard, JLG : Inventeur de cinéma
A partir des années 90 Jean-Luc Godard plaisantait souvent en disant que tout le monde connaissait son nom mais que personne n'allait voir ses films. Au fil des années le nom de Jean-Luc Godard était devenu plus qu'un patronyme. C'était pour certain l'un des noms de la nouvelle vague, ce moment de créativité pure de la fin des années des 50 au milieu des années 60. Un moment de l'art où avec Truffaut, Chabrol, Rohmer, Rivette et d'autres, une génération de cinéphiles proposait de nouvelles formes qui rencontrèrent un nouveau public, celui du baby-boom. Dans ces années qui vont d'A bout de souffle (1960) à mai 68, Jean Luc Godard écrit et réalise des films qui parlent précisément et souvent violemment de l'époque (la guerre d'Algérie, les grands ensembles...) et qui inventent par la structure du montage, le refus du réalisme et, à partir du Mépris en 1963, une utilisation splendide de la couleur, une autre façon de faire du cinéma. c'est pour beaucoup de spectateurs le grand moment godardien, celui qui influença bien des cinéastes américains des années 70. A partir du tournant des années 60 c'est la politique puis la vidéo qui va permettre à JL Godard de se reinventer, considerant les formes cinématographiques comme caduques il cherche à interroger la nature même de l'image, de ses signes. Cela donnera des films rares et inoubliables comme Numéro 2 (1975) réflexion croisée sur la dégradation du couple et du cinéma. Revenu à la pellicule (et à la superbe photographie de Raoul Coutard) en 1980 avec Sauve qui peut (la vie) Godard retrouve son public pour une décennie très créative, marqué par des grands films et sa transformation en personnage public à la fois farceur et rugueux, spécialiste des phrases sibyllines reprises par les critiques et les amoureux du cinéma. En souterrain il va travailler pendant plus de dix ans aux Histoire(s) du Cinéma, somme inoubliable, relecture passionnée de celui qui ne cessa jamais d'être le spectateur et le critique qu'il avait commencé par être. Edité à la fois en film et en livre ces Histoire(s) firent découvrir Godard à un nouveau public. Grand amoureux de la littérature (il songea d'abord à être écrivain), de philosophie, amateur de citations, il fut un jusqu'à son dernier film Le Livre d'image (2018) un chercheur de cinéma, un inventeur d'images qui restent toujours dans les yeux des spectateurs et les obligent à penser autrement.