Les éditions 10-18 nous font le plaisir de ressortir les quatre romans mettant en scène Arturo Bandini, alter ego du romancier américain.
Né dans le Colorado dans une famille d'immigrants italiens catholiques, J. Fante connaît dès son plus jeune âge des difficultés à s'intégrer, il est rejeté par ses camardes, lui simple fils d'immigrés et d'ouvriers. La littérature devient rapidement un échappatoire, que ce soit la lecture ou l'écriture. Plus tard, entre deux petits boulots, il ne perd pas une minute pour écrire, écrire ses frustrations, ses envies de liberté, de femmes, ses rages et ses peurs ; la précarité et l'alcool aussi. Son premier roman, La Route de Los Angeles, est refusé, interdit de publication car jugé trop violent et provoquant (il ne sera publié que posthume en 1985), son premier roman est donc Bandini, dans lequel il reprend son personnage Arturo Bandini (son double en réalité) pour évoquer la jeunesse de ce dernier. Ce Bandini/Fante est un jeune homme en proie aux peurs et aux désillusions, au manque de reconnaissance (l'écrivain ne rêve que d'une chose, être reconnu pour son talent, qu'il ne remettait jamais en doute), il enchaîne les galères, évoque son penchant pour l'alcool, la forte présence des femmes dans sa vie. En toile de fond, toujours, cette fureur de vivre malgré tout.
Ce n'est que plus tard, après son mariage avec une jeune femme et écrivaine fortunée, qu'il connaît le succès : n'ayant plus les mêmes préoccupations financières, il peut se consacrer à l'écriture de Pleins de vie, qui lui ouvre les portes de Hollywood. Cela représente également pour John Fante la possiblité de se laisser aller à ses passions, le jeu, le golf... Il profite de cette période intense pour aller travailler en Italie, où il se tourne avec émotion vers ses origines, malheureusement bloqué entre deux mondes : une Italie dont il n'a jamais vraiment fait partie, et des États-Unis qui le rejettent. La rédaction de scénarios pour diverses boîtes de production cinématographiques lui assure une bonne situation, et ce début de reconnaissance tant attendu. Début de reconnaissance seulement, car ses titres suivants font moins de bruit aux États-Unis, et ce n'est que plus tard, lorsque Charles Bukowski et John Martin (éditeur) décident de le publier, que John Fante revient sur le devant de la scène, alors qu'il est gravement malade (amputé des jambes à cause de son diabète) et aveugle. Son dernier livre, Rêves de Bunker Hill, qui clot sa série d'Arturo Bandini, il l'a dicté à sa femme, peu avant de mourir, en 1983.
John Fante, s'il est moins connu aux États-Unis qu'en France ou en Italie, n'en reste pas moins l'un des grands auteurs du XXe siècle, ayant eu une influence sur de nombreux écrivain, et est reconnaissable à sa langue crue, vivante, tendue. Ses textes, incroyablement forts, sont le reflet d'une vie faite de haine, d'attentes, de passion, d'injustice et de confusion, une vie pleine de contradictions dont nous avons un aperçu avec ces quatre beaux romans.