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Jung : psychologue des profondeurs

Une actualité de Marion B.
Publié le 22/07/2023
Une introduction à la psychologie analytique.

Nous avons tous peu ou prou entendu parler de Carl Gustav Jung. Parfois même de certains de ses concepts phares tel que l'inconscient collectif, le couple animus, l'anima ou encore celui d'archetype. Mais quand il s'agit de les expliquer, sans parler de les resituer dans l'ensemble vaste et complexe que constitue l'oeuvre jungienne, nous sommes souvent bien embêtés. En France, Jung et son oeuvre restent nimbés d'un mystère épais pour les non-initiés alors que sa contribution dans les champs de la psychologie et de la psychanalyse demeure indéniable.

Né le 26 juillet 1875 à Kesswil en Suisse, fils et petit-fils de pasteur du côté maternel, petit-fils de médecin du côté de son père, il est durablement influencé par la théologie et la médecine. Jeune homme, il poursuit brillamment des études dans le domaine médical et décide suivant une intuition au sens fort du terme de s'engager dans les soins psychiatriques.

En 1900 lorsqu'il est assistant dans une clinique psychiatrique et sur les conseils du professeur Bleuler, il fait une lecture qui l'influence profondément et infléchit le cours de sa vie : "l'Interprétation des rêves" de Sigmund Freud vient d'être publié et se présente comme « une méthode puissante d'élucidation des processus psychiques eux-mêmes » en considèrant les rêves non plus comme de simples phénomènes neurobiologiques mais comme l'accomplissement de désirs refoulés par l'inconscient. Jung, qui accorde une importance capitale à l'interprétation des rêves, trouve dans les hypothèses de Freud une confirmation de ses expériences cliniques et lui envoie un article à propos de son livre. S'engage alors une relation complexe, passionnée et d'une grande richesse intellectuelle entre le père de la psychanalyse et celui qu'il envisage de faire son héritier.


Si les théories des deux hommes concordent sur de nombreux points (existence de l'inconscient, processus de refoulement...), une rupture définitive a lieu en 1913 sur la question de la libido. Si pour Freud, elle est fondamentalement liée à la sexualité et notamment à la répression du désir d'inceste, elle dépasse chez Jung la simple dimension sexuelle pour se rapprocher du concept d'élan vital défini par Bergson. De même quand Freud propose une vision proprement négative de l'inconscient au sens où ce dernier est le lieu où s'opère les processus de refoulement, "Jung va se rendre compte par rapport à son expérience intérieure que l’inconscient n’est pas simplement un lieu dans lequel il y a des refoulements". Mais, nous dit Frédéric Lenoir auteur d'un ouvrage sur l'oeuvre du psychiatre, "c’est aussi un lieu qui nous donne des messages, par exemple les rêves prémonitoires. Nous pouvons avoir par nos rêves des indications pour grandir, pour nous accomplir. Il va comprendre que la psychothérapie c’est à la fois un travail de guérison des blessures du passé mais c’est aussi un outil de connaissance de soi. Il s’inscrit dans la tradition socratique du “connais-toi toi-même”, c’est-à-dire de l’introspection."* Les rêves ne sont pas chez Jung de simples mises en scène de l'inconscient qui dissimule à la conscience des désirs ou conflits refoulés dont la signification serait à trouver dans la conscience mais de véritables guides pour un devenir soi, une matière dans laquelle puiser afin de nourrir un élan créatif. La connaissance et l'accomplissement de soi sont par ailleurs au coeur même de la psychologie analytique qu'il développe tout au long de sa vie.

En outre, si l'idée était admise par Freud dès "Malaise dans la civilisation" que des "traces archaïques" subsistent dans nos inconscients, Jung va plus loin avec son concept d'inconscient collectif pour aboutir à la notion d'archetype ou de symbole universel. Enfin, une autre divergence notable concerne la question du sacré : si Freud conçoit le sentiment religieux comme une expérience avant tout pathologique (cf "L'avenir d'une illusion"), Jung mentionne "qu’il y a dans l'âme humaine une capacité de rencontrer le divin, quel que soit ensuite le nom qu’on va lui donner dans les différentes cultures [...] l'expérience religieuse est authentique." ** Parce-qu'il s'intéresse de près à cette question, Jung n'a de cesse de sonder et de puiser dans les sources des traditions religieuses et spirituelles extrême-orientales comme en témoignent des livres tels que le "Commentaire sur le mystère de la fleur d'or" ou la "Psychologie du yoga de la Kundalini". Ce double intérêt pour la spiritualité et l'accomplissement de soi explique la façon dont bien des décennies plus tard le courant ésotérique New Age né dans la contre-culture américaine des années 60 puis la vague du développement personnement vont surfer sur les concepts de la psychologie analytique avec plus ou moins de rigueur et de bonheur, loin du "travail extrêmement exigeant"*** que recquiert le processus thérapeutique.

Alors que, nous le rappelions, Carl Jung reste largement méconnu en France, nous vous proposons une triple sélection d'ouvrages afin dissiper le mystère qui entoure l'homme et sa pensée. La première vous propose des introductions, des lectures et des commentaires de l'oeuvre de Jung. La seconde réunit les principaux ouvrages dans les divers domaines que le psychiatre a explorés. Enfin, la troisième propose d'épouser le regard qu'a porté Jung, mais aussi et avant tout ses disciples, sur lui-même.

*https://www.radiofrance.fr/franceculture/carl-jung-pionnier-du-developpement-personnel-6607250
** idem
*** idem

Introductions, lectures et commentaires de l'oeuvre de Jung


Une sélection d'ouvrages qui accompagneront votre découverte d'une pensée parfois déroutante.

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