L'affaire n'est pourtant pas si clairement délimitée que l'on pourrait le croire... De quelle fin parle-t-on ? Est-ce la fin de toutes choses ou la fin d'une certaine marche du monde ? La fin d'un regard porté sur l'existence et chargé de questions, la fin de l'humanité ? Y a-t-il une différence entre fin du monde et fin des temps ? Entre apocalypse et Armageddon ?
D'où vient cette idée, de quoi se nourrit-elle (nos angoisses, notre lucidité, nos prises de conscience...) et que nourrit-elle (des fantasmes, des actes, des volontés de rentre le monde meilleur...) ? Tout d'abord, elle a une histoire, car elle est aussi ancienne que nous. Une telle longévité ne pouvait d'ailleurs faire naître qu'une pensée protéiforme dont les représentations et les conceptions ont été façonnées par le récit de l'humanité et par sa compréhension du monde dans lequel elle écrit son histoire. Dérouler ce très long fil nous conduit tout naturellement à nous demander ce qu'il en est aujourd'hui : de quoi parle-t-on, au XXIe siècle, lorsque nous évoquons la fin du monde ?
Si la chose vous titille, pourquoi ne pas exhumer, avec l'aide de plusieurs auteurs aux savoirs et opinions divers, les mots qui font peur, les expressions entrées dans la culture populaire et les visages donnés à un vertige d'anticipation que l'humanité ne cesse de projeter devant elle, jouant le jeu qui a toujours été le sien : penser, avec sa propre finitude, à tort ou à raison et avec plus ou moins d'imagination, celle de tout ce qui l'entoure.