D'abord arrivé du Japon, le manga se développe désormais en Occident, et notamment en France !
Après un début assez timide dans les années 2000, le manga français est aujourd’hui reconnu et s’exporte internationalement. Plusieurs termes le désignent : global manga ou manfra, un mot-valise contractant manga et français.
Dans les années 90, c’est le club Dorothée qui fait découvrir à de nombreuses personnes l’animation japonaise avec des séries cultes comme Dragon Ball, Sailor Moon ou Goldorak. Les auteurs vont pouvoir s’inspirer de ces mangas et vont commencer à développer de nouvelles manières de dessiner et de raconter des histoires. Cependant, le succès n’est pas venu de suite et les premiers manfras sont publiés dans de petits fanzines, le genre restant de niche.
L’une des premières séries à connaître le succès est Dofus, écrite par Tot et Ancestral Z en 2005 et qui dépassera le million d’exemplaires vendus en 2011. Cette œuvre s’inscrit dans l’univers du MMORPG (jeu vidéo multijoueur en ligne) du même nom et on va y suivre Arty, jeune berger, qui va voir son destin prendre un tournant radical dans le vaste univers du Krosmoz. Le Parisien le cite comme le « grand précurseur » du manfra.
Le shojo est lui aussi un genre qui a inspiré les auteurs français, avec comme première série Pink Diary, signé par Jenny, une romance plus adulte abordant de larges sujets tels que le harcèlement, la tromperie et les troubles psychologiques. En 2007, il est élu "Meilleurs Manga français" par les lecteurs d'Animeland !
Le manga français commence à se faire sa place et les mangakas sont récompensés. En 2016, Shonen remporte le prix du meilleur manga international pour Outlaw Players lors des Japan Expo Awards. Cela donnera lieu à la publication de l’œuvre au Japon par Kodansha, l’une des plus grosses maisons d’édition du pays, qui publie notamment le Weekly shōnen Magazine En 2020, Jéronimo Céjudo, auteur de Ripper, est le premier français à remporter le prix Tezuka, récompensant chaque année un mangaka et son œuvre à l’international.
Certaines séries ont connu un succès dignes des plus grands, comme c’est le cas de Dreamland ou Radiant.
Dreamland, écrit par Reno Lemaire, comporte actuellement 22 volumes et est toujours en cours. Un anime est également prévu par le studio français ADN et devrait sortir en 2025. Pionnière dans les séries françaises, Dreamland a su conquérir son public avec le soutien de son éditeur Pika et est aujourd’hui l’une des sagas françaises la plus longue.
D’autres maisons ont su s’adapter et proposer de nouveaux mangas français, comme Ankama. Ils ont d’abord commencé avec Dofus, puis City Hall (Rémi Guérin et Guillaume Lapeyre) mais c’est surtout Radiant, de Tony Valente, qui a connu un immense succès. Très proche, autant dans le style graphique que dans l’histoire, des mangas japonais, Radiant a très rapidement conquis les lecteurs et s’est exporté mondialement, notamment au Japon où il a, là aussi, connu un grand succès.
Si les mangakas français se sont inspirés d’œuvres japonaises, il existe cependant des différences assez nettes entre une œuvre japonaise et française. Dans le rythme de travail tout d’abord, les mangakas français ne travaillent pas de la même manière, notamment car l’industrie n’est pas la même. Au Japon, les mangakas sont entourés d’assistants et ont un rythme de travail extrêmement soutenu. En France, la plupart des mangakas travaillent seuls. Cela donne lieu à des différences en terme de rythme de publications et pré-publications. Les mangas français sont rarement pré-publiés sous forme de chapitres, alors que c’est courant chez les japonais. Si on peut s’attendre à un tome tous les deux-trois mois pour une œuvre japonaise, les mangakas françaises, eux, sortent plutôt deux à trois tomes par an. Enfin, l’humour est aussi différent dans certaines œuvres. Si les japonais utilisent beaucoup l’humour dans leurs mangas, il est souvent très premier degré et visuel, tandis que les français ont plus tendance à utiliser la parole avec le sarcasme et un ton moqueur. Dans Radiant, Seth, le personnage principal, utilise souvent la moquerie avec son mentor, Alma. Dans l’adaptation japonaise en anime, quasiment toutes les moqueries ont disparu car, dans leur culture, les mentors doivent êtres respectés par leurs élèves.
Les sujets dans le manga français sont aussi larges que la production japonaise, du shojo romantique comme Hana no Breath aux shōnens comme Free Quest et Silence, et même le manga de sport avec Hajime ! de Tiers et Topher, paru récemment et qui relate l’histoire du judoka Teddy Riner.
Nous attendons également avec impatience le nouveau manga de Loïc Cassou, BERSK !, à paraître chez Kana en janvier 2025 !