Chargement...
Chargement...

Les femmes poètes donnent de la voix !

Une actualité de Véronique M.
Publié le 18/03/2022
À l’occasion du 24ème Printemps de la poésie, rencontrez Diglee à la librairie le vendredi 25 mars. Cette illustratrice amoureuse des mots qui a déniché, dessiné et raconté ses cinquante poétesses préférées nous fera aussi le plaisir de lire quelques bijoux de son anthologie "Je serai le feu".
Quels poètes connaissons-nous ? Si Ronsard, La Fontaine, Hugo, Baudelaire, Rimbaud, Apollinaire, Eluard, peut-être Yves Bonnefoy, ou encore Christian Bobin viennent à l’esprit, combien parmi ces noms appris, côtoyés, entendus sont des femmes ? Rappelons que le Prix Nobel de littérature en 2020 décerné à la poétesse américaine Louise Glück, a non seulement pointé notre ignorance à son égard, mais surtout la confidentialité du genre, alors que la poésie bénéficie d’une vraie reconnaissance dans les pays anglophones. Si la France accusait un retard certain, elle bénéficie ces dernières années d’un regain d’intérêt et de visibilité.

Dans son incontournable “Anthologie de la poésie française” en 1961, Georges Pompidou retenait parmi plus de quatre-vingt poètes disparus seulement trois poétesses : Marie de France, Louise Labé et Marceline Desbordes-Valmore, soit à peine trois pages de textes sur les quatre cents pages de ce classique. Soixante ans plus tard exactement, Diglee part toujours de ce “terrible constat” hérité de décennies de dénis de l’histoire littéraire : “je n’avais jamais lu de poèmes écrits par des femmes” avant d’entendre parler à la télévision d’Anna Akhmatova dont le portrait en feu orne la couverture rose tendre de “Je serai le feu” :

“Tu n’as que faire de mes yeux,

Qui sont prophétiques et constants.

Mais tu voudrais te saisir de mes vers,

Prière de mes lèvres orgueilleuses.” (extrait de “Requiem”)

Beaucoup d'entre elles ont marqué leur époque avant de sombrer dans un total ou partiel oubli, éclipsées par leurs pères, maris, amants (souvent célèbres) et par le manque de considération de la création poétique en général.

Or, depuis 2017, les paroles des femmes s’est libérée, et la poésie s’en fait l’écho, tant dans la (re)découverte de pionnières qui ont ouvert la brèche que dans la publication de nouvelles plumes féministes, souvent révélées par les réseaux sociaux. Avec “Lait et miel”, “Le soleil et ses fleurs” et “Home Body”, ses trois journaux intimes à la fois romantiques et sans tabou, accompagnés de ses dessins épurés, Rupi Kaur est devenue l’égérie des jeunes lectrices :

 “je n’ai pas peur d’échouer

j’ai peur que mon potentiel

mette le feu au monde”.

 D’autres insta-poètes, femmes et hommes, comme Flore Perrault, Britany Lefebvre, Pauline Bilisari, ou encore Sébastien Poulain,Théo Dulas, Hyce Beerg, incarnent dans la collection “L’Or des lignes” (édition Frison-Roche) avec leur sensibilité à fleur de peau cette génération décomplexée qui veut se faire entendre, et pas uniquement par leur communauté.

La romancière Cécile Coulon, lauréate à 28 ans du prestigieux Prix Guillaume Apollinaire en 2018 pour son premier recueil poétique "Les Ronces", dynamite aussi le genre sous les couleurs vives de la collection “Iconopop” qu’elle codirige, publiant les poèmes contemporains de confrères venus de tous horizons (Mathias Malzieu, Akhenaton, Baptiste Beaulieu,et, en avril prochain, Dorian Masson dont le recueil “Plus de likes que d’amour” est présenté comme “l’amour au temps des réseaux sociaux”) et de consoeurs telles Pauline Delabroy-Allard, Clémentine Beauvais sans oublier la voix militante de la slameuse Lisette Lombé ou encore de l'artiste Suzanne Rault-Balet :

" je suis libre
je peux décider de ma trajectoire
je peux disposer de mon corps
je peux façonner mes discours
tailler dans les mots que j'emploie
je suis libre
je ne suis sous aucune gouverne que la mienne
je n'ai aucun autre maître que moi
aucune autre barrière que celle que je me dresse
toute seule
je suis libre" ("Des frelons dans le coeur")


Dans sa “Lettre à une jeune poétesse” issue de la passionnante collection “Des écrits pour la parole” (éditions de L’Arche), Chloé Delaume avertit et met au défi les jeunes femmes d’aujourd’hui tentées par la vocation littéraire :  “on entre en écriture comme on entre dans les ordres. On n’y fait pas carrière, pourtant c’est un métier. Où les femmes, cela va de soi, ne sont que 30 % [...] C’est la guerre, ma chérie. On me dit que 30% de femmes, j’exagère un petit peu, mes chiffres sont trop vieux, ils datent de 2008. Il paraît que ça va mieux. Je ne ressens pas vraiment de changement spectaculaire”.

D’autres guerrières de la scène poétique actuelle sont conviées pour apporter des regards différents, comme  Sophie G. Lucas qui refuse le “sous-genre” induit par le mot “poétesse” ou “poésie féminine” préférant celui de “poète. Il m’aura fallu toute ma vie pour l’affirmer. C’est mon combat”, mais sans aucune revendication sauf celui de l’écriture par lequel elle a “pris corps”.

 Dans “Je serai le feu”, Diglee n’oublie pas les femmes poètes contemporaines, vivantes et inspirantes telles Joumana Haddad, Anise Koltz, Patti Smith, Laura Kasischke, Annie Le Brun, Nikki Giovanni, Catherine Voyer-Léger, ou encore la “mystérieuse excentrique” aux poèmes érotiques interdits, Simonne Michel Azais née en 1928, mais dont on a perdu la trace. Ironie de l’histoire qui en dit long…

Quant aux autrices anglophones inédites en France, la précieuse collaboration de la romancière et poète Clémentine Beauvais a permis leur traduction dans l'anthologie, afin de nous permettre de lire enfin les vers de Maya Angelou, Audre Lorde, Christina Rossetti. On peut se réjouir car les recueils emblématiques de ces trois poétesses ont été publiés tout récemment :

“Vous aurez beau m’écrire dans vos livres d’histoire,

Tordre d’amers mensonges la vérité,

Vous aurez beau m’écraser dans la boue,

Comme la poussière, toujours, je me soulèverai.” (premier quatrain de “Toujours je me soulèverai”/ “Still I rise” de Maya Angelou)

Grâce à son talent de dessinatrice et de conteuse, Diglee conjure le sort de ces sorcières du feu poétique qui ont lutté, et luttent encore pour aimer, écrire, et être lues.

Voici notre sélection pour prolonger le bonheur de ces découvertes :


La bibliothèque poétique disponible de Diglee

Des poétesses recommandées par vos libraires

Ces anthologies qui font la part belle aux femmes poètes

Quelques lectures complémentaires

Les best-sellers féministes et poétiques

Pour en savoir plus

Cécile Coulon - Les ronces

Cécile Coulon vous présente son ouvrage "Les ronces" aux éditions Castor astral.

Clémentine Beauvais - Décomposée

Clémentine Beauvais vous présente son ouvrage "Décomposée"
aux éditions l'Iconoclaste.

Diglee - Je serai le feu

Sous la couverture noire, rose et or, “Je serai le feu” est un trésor poétique à offrir et à s’of...

1