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Nina Simone: A fleur de peau

Une actualité de Vincent D.
Publié le 25/04/2023
Une des figures dominantes de la musique du XXe siècle et une icône du mouvement des droits civiques.
Eunice Kathleen Waymon avait un rêve, devenir une pianiste de concert qui jouerait Bach, Chopin, Beethoven sans doute. Elle deviendra une des grandes chanteuses de jazz et activistes des droits civiques du XXe siècle.
Le talent prodigieux de la jeune fille était évident pour ceux qui l’entouraient dès son plus jeune âge. Ses parents ont vite saisi la facilité que leur fille avait de retranscrire à l'oreille la moindre mélodie et vont l'encourager tout naturellement.
En 1950 elle passe l'été à se préparer à auditionner pour le prestigieux Curtis Institute of Music de Philadelphie. Elle ne sera jamais admise.
Tout en continuant à recevoir des cours de musique, Eunice va se consacrer à l'accompagnement d'étudiants pour le travail du chant. C’est pendant cette période qu’elle commence à prendre conscience de sa propre voix et sous le conseil de certains d'entre eux, se lance à l'été 54 dans une série de performances au Midtown Bar & Grill à Atlantic City. Pour éviter que sa mère ne remarque le nom "Eunice Waymon" sur les publicités du bar, Waymon a créé le nom de scène "Nina Simone", en combinant le surnom de son petit ami de l’époque, avec le nom de l’actrice française Simone Signoret.
Il est important de signaler que la musicienne ne lachera aucunement ses leçons de piano classique, elle qui considérait toujours la musique populaire comme une distraction par rapport à ses ambitions classiques.
Et pourtant son destin artistique va se jouer de cette conviction lorsque le propriétaire des disques Bethlehem, Syd Nathan, décide de lui faire enregistrer un album qui sortira en 1959 sous le nom de "Little Girl Blue" .
Cet enregistrement contient "My Baby Just Cares For Me" qui va devenir un énorme succès dont les bénéfices ne tombent pas dans l'escarcelle de la chanteuse, cette dernière ayant reçu 3000 $ en échange d'un renoncement aux droits de l'album. Une nouvelle déconvenue .
En épousant Andrew Stroud deux ans plus tard, elle se lie à celui qui va manager ses tournées et prendre le contrôle de ses affaires financières dans leur intégralité. Les années 1960 voient Nina Simone devenir l’une des activistes les plus visibles et les plus bruyantes du mouvement de défense des droits civiques. Les sujets de conversation vont plus tourner autour de Marx, Lénine et la révolution que des grands compositeurs de la musique classique.
Deux incidents ont toutefois radicalisé la jeune Nina Simone pour toujours, ce qui l’a amenée à créer certaines des chansons les plus anthémiques et les plus emblématiques du mouvement des droits civiques et à les imprégner de la colère et du chagrin qui entourent ses plus grandes performances. Le premier a été le meurtre à Jackson, dans le Mississippi, de Medgar Evers, un militant des droits civiques et ancien combattant de l’armée, le 12 juin 1963. Le deuxième a été l’attentat à la bombe contre l’église baptiste de la 16e rue à Birmingham, en Alabama, qui a eu lieu le 15 septembre de la même année, au cours duquel quatre filles ont été tuées et des dizaines d’autres grièvement blessées. Ces deux atrocités ont été perpétrées par des suprémacistes blancs.
Protester contre la guerre au Vietnam, refuser de payer les impôts va faire de Nina Simone une cible du gouvernement américain. Elle doit quitter son pays pour la France.
Ce nouveau départ ne sera pas celui escompté, les maigres cachets des concerts et sa santé mentale vacillante vont entamer les ressources et le moral de la chanteuse. Elle donne plus d'interviews que de concerts dans les dernières années de sa vie. Elle s'éteint le 21 avril 2003.

bibliographie