Jeunes années
Ludwig Wittgenstein est issu d'une famille juive fortunée convertie rapidement au protestantisme . Son père, Karl Wittgenstein fit fortune dans l'industrie, sa famille devient rapidement l'équivalent de la famille Rotchild à Vienne. Famille de huit enfants portée sur la culture notamment sur la musique: Leopoldine Wittgenstein la mère de Ludwig est musicienne, le père protecteur des arts, amis de notamment de Brahms,Ravel ou encore Mahler. L'éducation des enfants est basée sur la recherche d'un talent, avoir un don dans un domaine. Chercher à faire comme le père qui a tout bâti en partant de rien. Une énorme pression est mise sur la famille, horreur de la médiocrité. Pression telle que trois des frères de Ludwig se suicidèrent. C'est pendant ses jeunes années que Ludwig se questionna sur son rapport à la vérité et au mensonge. Il se rendra compte rapidement que le mensonge lui permet de se préserver. C'est une question qui est au centre de son projet philosophique et de ses questions personnelles: la quête de vérité envers soi-même. Une question qui plongera Ludwig Wittgenstein dans le trouble longtemps durant sa vie jusqu'à sa rencontre décisive avec Bertrand Russell qui lui confirmera qu'il a un don pour la philosophie ce qui l’arrachera à ses doutes et ses envies de suicide qu'il avait eus à la lecture de Sexe et caractère. Ce dernier est un livre qui fit polémique par son caractère antisémite et sexiste. L'auteur de celui-ci, Otto Weininger, traite entre autre de l'idée qu'il faille être un génie ou mourir. Cette idée poursuivit Wittgenstein toute sa vie le poussant à être intraitable avec lui-même ainsi qu'avec autrui.
Wittgenstein embrassa des études d'ingénieur, dans lignée de son père. Ce n'est pas que cela l’intéressait particulièrement, mais lui conférait un statut dans lequel il était plus tranquille auprès de sa famille. Il fera ses études essentiellement à Manchester. Entre temps, il étudiera à la conception d'un moteur d'avion, projet pour lequel il sera amené à étudier les mathématiques. Une connaissance lui conseillera la lecture des Principes des mathématiques de Bertrand Russell. Une lecture qui sera fondamentale pour Wittgenstein.
En 1903, Bertrand Russell professeur à Cambridge, écrivit Principes des mathématiques. Ouvrage dans lequel il tente de saisir ce qu'est la logique. À la fin de celui-ci, il avoue ne pas avoir trouvé la solution à son problème et laisse celui-ci ouvert à quiconque aurait la solution.
La Première Guerre mondiale et le Tractatus
Surgit alors La Première Guerre mondiale. Wittgenstein s'engage alors dans l'armée austro-hongroise cherchant dans cet acte une autre activité que celle de l'esprit, une transformation de son être à travers l'expérience de la guerre. Il fut donc affecté à un régiment d'artillerie puis pour la majorité de son temps sur un torpilleur. Élément marquant d'une transformation qui s’opéra lors de sa lecture de L'Évangile en bref de Leon Tolstoi : sa conversion au christianisme. C'est lors de cette période de combats, de doutes existentiels, qu'il continua malgré tout ses réflexions sur la logique qu'il appliquera au monde. Wittgenstein continua de correspondre tout du long avec ses amis, Betrand Russell ou encore David Pinsent. Il commença en parallèle le projet d'un livre philosophique. Il reçut les encouragements de son ancien professeur l'incitant à publier non pas à la fin de la guerre mais au plus vite. Les lettres s’interrompirent quelques temps lorsqu'il fut emprisonné par l'armée italienne. C'est donc à cette époque qu'il rédigea son ouvrage majeur, le Tractatus logico-philosophicus écrit d'abord en anglais plus sera traduit par Charles Kay Odgen en anglais. Russell en rédigera la préface mais celle-ci ne plut pas à Wittgenstein dont il refusa qu'elle apparaisse dans la version allemande. Cet ouvrage majeur de la pensée de Wittgenstein a pour but de questionner le sens et le langage. Tout ne peut être dit, on lira de lui "Ce dont ne peut parler, il faut le taire." Ce sera le seul livre qu'il publiera de son vivant.
L'après guerre
À la fin de la guerre, après des difficultés à faire paraître son ouvrage, Wittgenstein se tourna vers l'enseignement, il devint instituteur en Autriche. Ses méthodes d'enseignement se basent sur l’éveil de la curiosité chez les enfants, cherchant à les pousser à l'éveil de leurs consciences. Pour cela, il n'hésitera pas à être sévère avec eux, impatient et fera usage de réprimandes physiques sur les élèves les plus lents. Son exigence envers eux sera sans limite. D'ailleurs, les villageois n'auront plus confiance en son jugement le considérant comme un fou maltraitant leurs enfants. Ce fut une période de grande dépression pour Wittgenstein qui pensa avoir tout à fait échoué dans l'éducation. Il finit par démissionner. Sa stimulation intellectuelle refit surface avec les échanges qu'il eût avec Schlick qui appartenait au Cercle de Vienne, celui-ci influencé par le Tractatus. Wittgenstein ne rejoignit cependant pas le Cercle de Vienne mais ses discussions avec Shlick réussirent à le sortir de son état dépressif et éveilla un profond retour à la philosophie.
Le retour à Cambridge
Pressé par Russell, George Edward Moore et Frank Ramsey, Wittgenstein retourne donc à Cambridge, n'ayant pas diplôme c'est en simple étudiant qu'il revient. Il sera alors, à son grand dégoût acclamé comme étant un immense philosophe. Afin d'obtenir le diplôme nécessaire, il utilisa son ouvrage, le Tractus, comme objet de thèse. Russell et Moore étant ses jurys de thèse, ils reconnurent aisément le génie de Wittgenstein.
Pendant une période de deux ans, de 1936 à 1937, il vécut en Norvège où il travailla sur son ouvrages Investigations philosophiques. En 1939, il obtint la chaire de philosophie de Cambridge et dans le même temps la nationalité britannique.
Lorsque la Seconde Guerre mondiale éclata, il s'engagea volontairement pour aller travailler à l'hôpital de Londres. Il continua néanmoins ses cours à Cambridge allant jusqu'à conseiller à ses élèves s'ils le pouvaient, de trouver leurs voies hors institutions académiques. Il finit par démissionner, s'isola en Irlande pour se consacrer à l'écriture, écrits qui constitueront ce que sera, publié après sa mort, sous le titre Recherches philosophiques.
En 1951, Ludwig Wittgenstein mourut d'un cancer de la prostate laissant derrière lui pléthore d'ouvrages qui constitueront l'oeuvre fondamentale que Wittgenstein apporta à la philosophie.