Ce jeudi 14 novembre, le quatrième et dernier volume du Dictionnaire de l’Académie française a été remis à Emmanuel Macron, lors d’une cérémonie solennelle consacrant le fruit de 32 ans de travail, et près de quatre siècles de veille au service de la langue française
L’Académie française fut fondée en 1635, par Richelieu, avec pour mission de fixer le bon usage de notre langue afin de la rendre « pure, éloquente et capable de traiter les arts et les sciences. »
Tout au long de la Renaissance, le français fut en effet sujet à d’importantes fluctuations. De nombreux néologismes virent le jour, empruntés à l’italien, aux différents patois ou à l’inspiration des poètes. L’ambition du cardinal était alors d’établir des règles communes afin d’unifier le royaume – récemment déchiré par les guerres de religion –, et de faire rayonner la culture française à travers le monde.
Choisis parmi les plus illustres hommes de lettres, scientifiques ou politiciens de leur temps, quarante « immortels » furent ainsi chargés de défendre la richesse du français, de veiller à sa stabilité dans le temps et de préserver son unité sur tout le territoire de la francophonie. Corneille, La Fontaine, Montesquieu, Voltaire, Tocqueville, Hugo, Pasteur, Clémenceau, Simone Veil, Lévi-Strauss, Léopold Sédar Senghor : depuis bientôt quatre siècles, les plus grands représentants de la culture française ont attaché leur renommée à celle de notre langue.
Leur principale fonction, dès l’origine, fut de créer un dictionnaire qui pût servir de référence, aussi bien pour le langage courant que pour la création littéraire. La tâche fut d’abord confiée au grammairien Vaugelas qui, dans la continuité de la doctrine de Malherbe, eut à cœur de suivre « l’usage public » de la langue, en choisissant des mots compréhensibles par tous les Français, quelle que soit leur classe sociale ou leur situation géographique, tout en s’opposant aux « caprices des particuliers », aux effets de mode et aux approximations qui ne respecteraient pas l’histoire de notre langue et ses nuances.
C’est cette double exigence qui préside, encore aujourd’hui, à la rédaction de cette œuvre unique en son genre.
Après quasiment quarante ans de travail, les « immortels » viennent tout juste de parachever la neuvième et dernière version du dictionnaire, dont les quatre volumes sont désormais disponibles en grand format.
Avec 53 000 mots, soit 21 000 de plus que dans la précédente édition parue en 1935, le renouvellement de ses entrées reflète les grands changements de nos modes de vie et les nombreuses découvertes qui ont bouleversé le monde au cours de ce siècle. Cependant, fidèle à sa mission d’origine, l’ouvrage n’entend pas recenser tous les mots existants dans notre langue, mais vise à prescrire les bonnes pratiques pour son utilisation courante. Il mentionne ainsi, pour chaque entrée, les différents niveaux de langue (familier, populaire, vulgaire, argotique...) et indique, le cas échéant, les emplois déconseillés.
Ni un dictionnaire d’expert, ni un décalque des habitudes langagières de notre temps, l'œuvre maîtresse de l’Académie reste garante du prestige de notre langue, pour l’usage de tous les Français.