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Les incontournables de l'automne 2024

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Rentrée littéraire 2024 : nos sélections thématiques !

Pour vous retrouver dans la jungle de la rentrée littéraire, suivez le guide et découvrez nos sélections thématiques !

Qui sommes-nous vraiment ?

Tentatives de réponses à partir de l'Histoire des origines de l'Humanité...

Jacques Réda (1929-2024)

Le poète et homme de lettres nous a quittés ce lundi 30 septembre, à l'âge de 95 ans.

Halloween : frissons à la librairie !

Vous êtes les bienvenus dans notre sélection spéciale Halloween à la librairie. Des livres pour tous les âges et pour tous les goûts. Pour ceux qui veulent se faire peur, se plonger dans l'univers des créatures les plus effrayantes, dans l’atmosphère pesante des contes horrifiques, ou bien admir...

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Han Kang - Leçons de grec

Han Kang vous présente son nouvel ouvrage "Leçons de grec" aux éditions du Serpent à plumes.

Jennifer Tamas - Peut-on encore être galant ?

Jennifer Tamas vous présente son ouvrage
"Peut-on encore être galant ?" aux éditions Seuil.

Coups de cœur

Rue des vivants - suzanne martin

La bastide des années 30 dans un livre heureusement sorti de l'oubli
Suzanne Martin nous raconte une enfance dans le quartier de La Bastide à Bordeaux pendant l'entre-deux guerres. Même dans l'ancien quartier des docks gangrené par la misère et l'alcool, parmi une fratrie de 13 rejetons, une enfance reste une enfance. C'est là que réside la force de ce très beau livre, en plus de nous parler d'un Bordeaux que l'on a soigneusement oublié : écrit à hauteur d'enfant sans une once de mièvrerie, on y retrouve la magie, le jeu, la naïveté que seul l'enfant sait intégrer à son quotidien. Un récit construit tout en digressions durant cette soirée où, comme tant d'autre, la petite fille est chargée de ramener son père du rade dans lequel il a sans doute fini inconscient. La langue, elle, est moderne et fulgurante : loin de n'être qu'un texte de notre patrimoine, il s'agit là bel et bien de littérature : Jean Paulhan, qui la fit publier dans les années 50, ne s'y était pas trompé. 

Suzanne Martin qualifiait ce livre de récit "d'une enfance courageuse". Courageux aussi est son éditeur qui extirpe des rives perdues de la Garonne ce très beau texte, à la fois illuminé et lumineux. 

Que ce soit doux pour les vivants

"Que font les vivants avec les morts? Et les morts, qu'offrent-ils aux vivants comme supplément de vivre?"
20 ans après "Comment j'ai vidé la maison de mes parents", "Que ce soit doux pour les vivants" pose la question de savoir ce "que font les vivants avec les morts " et, chose moins évidente et plus intéressante encore, de savoir ce que ces derniers offrent "aux vivants comme supplément de vivre [.]" Cette double question, Lydia Flem la pose à partir du matériau même du précédent récit du deuil de ses parents. Il lui sert à la fois à mesurer son cheminement intérieur et comme point de départ pour penser ce "deuil long, ce deuil sans fin, nimbé de tendresse" qu'elle nomme, en reprenant et s'appropriant les paroles de son époux Maurice Olender, "le doux deuil".

Une expression qui étonne et qui va en quelque-sorte à l'encontre de l'idée commune que nous nous faisons du deuil : celle d'une expérience violente, qui laisse exsangue et dont il faudrait s'arracher, presque par devoir, par un lent et patient travail d'oubli. L'ethos de Lydia Flem - et celle de ses lecteurs - est d'en faire...tout le contraire.

Dans "Que ce soit doux pour les vivants", les lieux, les objets, les archives, les souvenirs et autres histoires transmis de génération en génération forment un monde où se côtoient intimement les vivants et les morts. Le deuil n'est pas affaire d'effacement hormis celui, inéluctable, lié aux défaillances de la mémoire. Il perdure, au contraire, tout au long de l'existence suivant des métamorphoses successives. Il est (re)lecture et (ré)écriture continuée d'un passé qui se conjugue sans cesse au présent par la fréquentation des morts et de leur héritage. "Le temps fait des boucles, avance en se déportant sur le côté. Il ne se déroule pas selon une flèche orientée entre passé et futur. Chaque nuit explore hier et demain, parfois ils se confondent."

Il en est ainsi du livre lui-même, donc, qui peut être lu comme une relecture en même temps qu'un prolongement de "Comment j'ai vidé la chambre de mes parents". Ainsi de son travail photographique sur les "archives vivantes" trouvées dans la maison de ses parents et qu'elle évoque dans des pages touchantes. Ainsi également du travail de la photographe italienne Moira Ricci qui incruste son image dans celles du passé de sa mère défunte. Ainsi, pour finir, du travail de Mathilde une étudiante en communication visuelle et graphique qui photographie et met en scène les archives de la famille de Lydia Flem et qui suscite en elle cette réflexion : "Elle m'offre quelque-chose des coulisses qui ont sans doute, avec mille variations, été celles de mes lecteurs et lectrices, découvrant dans mon récit le miroir de leurs propres histoires. A son tour elle me tend une psyché où je lis les reflets de mon chemin, un peu comme une séance de psychanalyse en images."

"Que ce soit doux pour les vivants" décrit d'une façon toujours juste la difficulté du deuil mais aussi plus spécifiquement la difficulté à être pour la seconde génération de survivants du génocide :

"Archives de la maison vide : les deux numéros sur le bras de ma Mami [ndlr surnom donné enfant à la mère de l'autrice], ses cris dans la nuit de mon enfance, ses robes patiemment cousues à même la peau, pour retrouver le fil de la vie après "la mort venue d'Allemagne" (Paul Celan)".

"Retrouver le fil de la vie" en tirant et déroulant celui de l'écriture à partir d'un paradoxe : la double injonction héritée de ses parents à savoir oublier et se remémorer perpétuellement. Et au-delà de cet acte thérapeutique qu'est le récit, faire l'expérience de la réception de ce dernier, "devenu partagé, partageable" et donc "profondément réparateur".

"Retrouver le fil de la vie" par le truchement de la littérature et d'un art de s'entretenir avec les morts, c'est aussi un peu ce que la lecture de "Que ce soit doux pour les vivants" nous incite à faire.



Imperator : une histoire des empereurs de Rome

Précédemment Mary Beard nous avait conté l'histoire de Rome ou encore celle de Pompéi, elle revient aujourd'hui avec un livre sur les plus grands dirigeants du monde antique : les empereurs romains.
Et si les empereurs romains n'étaient pas aussi cruels que ce que le cinéma ou la pop culture nous a dépeint depuis des décennies ? Certes le meutre était leur moyen privilégié pour régler leurs différends mais Mary Beard explore ici les différentes facettes de ceux qui ont façonné l'Empire romain pendant plus de 400 ans.

L'historienne britannique, comme à son habitude, balaye pour nous l'historiographie autour d'une trentaine d'empereurs romains de Jules César à Alexandre Sévère pour nous relater l'essence même du quotidien de l'empereur et la portée symbolique de leur existence. Elle nous raconte avec adresse et humour le quotidien de ces dirigeants, souvent atypiques...

Avec une approche moderne, loin de l'énumération et de la simple biographie, Mary Beard interroge les notions de réalité et de fiction dans l'histoire, d'objectivité et de mémoire.

Dogrun

Un roman à mourir de rire
En rentrant chez elle après le travail, Mary met du temps à remarquer que son petit ami, comme toujours avachi dans le canapé devant la télévision, est en fait mort. Après s'être occupée des banalités d'usages dans ce genre de situation, elle se retrouve avec deux problèmes sur les bras : Numb, le chien de son ex-copain, et les cendres de ce dernier.
Même si elle ne l'aimait pas particulièrement, et qu'il ressemblait plus à un colocataire envahissant qu'à sa moitié, elle se met en tête de mettre la main sur les anciennes connaissances de Primo, pour ne pas se retrouver seule lors de la dispersion des cendres. Évidemment, rien ne va se passer comme prévu.

Arthur Nersessian remet le couvert après Fuck Up, et nous sert à nouveau un roman de l'underground new-yorkais des années 90, qui met en scène de vrais loosers pour la plupart décérébrés. Une œuvre moqueuse, qui investit le burlesque et le pathétique : Un roman à mourir de rire mais qui sait malgré tout nous faire ressentir de la compassion.